La sorcellerie!!!!!!

[ASSOUS]

En sortant de l'oubli les actes du procès pour sorcellerie, en 1615, d'une septuagénaire de Guebwiller, Bernard Grunenwald donne un visage aux milliers de victimes du vent de folie démoniaque qui s'est abattu sur l'Alsace aux XVI e et XVII e siècles.
C'est une histoire terrible aujourd'hui, mais relativement banale dans l'Alsace du début du XVII e siècle. Elle débute par des étincelles de malveillance et se termine dans les flammes d'un bûcher. Elle en appelle à tous les mauvais instincts pour, en quelques jours, envoyer à la mort une septuagénaire qui ne méritait évidemment pas un tel traitement.

Cette histoire est celle d'Élisabeth Gewinner, brûlée pour sorcellerie à Guebwiller en 1615. Elle est sortie des étagères de l'histoire, quatre siècles plus tard, par Bernard Grunenwald : instituteur retraité et généalogiste amateur, ce Mulhousien publie au Centre départemental d'histoire des familles (CDHF) la transcription intégrale des actes de son procès, conservés aux archives municipales de Guebwiller.

En Alsace comme ailleurs, les bûchers de sorcières ont surtout été allumés aux XVI e et XVII e siècles (lire ci-dessous). « À Guebwiller, 1615 a été une année terrible, constate le généalogiste-historien. En un an, douze personnes ont été brûlées pour sorcellerie ! »

Il y a quelques années, lors d'une recherche d'ascendance, Bernard Grunenwald avait croisé le chemin de l'un de ces condamnés de 1615, Martin Wagner. C'est pour lire ses aveux, rédigés en vieil allemand, qu'il avait pris des cours de paléographie. Fort de ce savoir, il s'est attaqué ensuite au procès-verbal du procès d'Élisabeth Gewinner : ce document a l'avantage de relater presque toute la procédure. Ne manquent que quelques pages d'introduction.

Apparaît alors la figure d'une dame « d'au moins 75 ans », membre de « la bourgeoisie aisée » : elle vend des tissus, son mari a été bourgmestre et elle possède servantes, valets, vignes, chevaux… De quoi attiser la convoitise ? Sans doute.

Elle donne l'image d'une femme pieuse, mais on la dit aussi « querelleuse, autoritaire, voire violente avec les domestiques ». Et voici quelques années qu'on la traite régulièrement de sorcière…

Tout s'accélère en ce mois de mars 1615 : une plainte est à peine déposée que, déjà, on l'arrête, on l'emprisonne, on la torture. Et déjà la vieille dame avoue tout ce qu'on veut qu'elle avoue. Ces aveux sont considérés comme des preuves. La torture, en l'occurrence, c'est l'estrapade : Élisabeth est attachée par les mains à une poulie et son corps lâché dans le vide afin d'en disloquer les membres.

Que lui reproche-t-on ? Essentiellement, précise Bernard Grunenwald, « d'être riche indûment grâce à la possession d'une racine de mandragore ». Racine soi-disant maléfique, mais que, par ailleurs, les accusateurs ne recherchent même pas… Dans le délire inquisitorial (mené non par des religieux, mais par des civils), les accusations se multiplient : elle aurait participé aux « danses des sorcières » (sabbats), couché avec le diable, provoqué la grêle, fait mourir des animaux, etc. Preuve ultime : elle est suivie par un chien noir !

« À l'époque, c'étaient le diable et ses suppôts qui étaient responsables de tous les malheurs. Il fallait des coupables. » Arrêtée le 7 mars, Élisabeth Gewinner est brûlée dès le 27, sans doute attachée à une échelle versée dans le brasier. Mais elle bénéficie d'une « grâce » : elle est étranglée juste avant.

« Ce sont des récits émouvants et choquants, reprend le généalogiste. Par ce travail, je veux d'abord faire en sorte que l'on n'oublie pas ces personnes prises dans une machine de délation, victimes d'enjeux qui les dépassaient… » En exergue, il a placé cette citation de Shakespeare : « L'hérétique n'est pas celui qui brûle dans la flamme, mais celui qui allume le bûcher. » Le génie anglais était loin de Guebwiller, mais il aurait écrit ça dans les années 1610, justement…

le 31/05/2011 à 00:01 par Hervé de Chalendar


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[catyangelloz]

malgré les flammes des bûchers, j'en ai froid dans le dos

quelle horreur!

hélas, à notre époque, il me semble qu'il existe des cas "semblables" où lorsqu'on a besoin d'un coupable, on est capable de tout pour le trouver.....

bon week end

Catherine