la lecture de cartes est assez difficile, surtout pour les cartes qui n’ont pas pour repère les limites administratives des pays modernes.
C’est le cas de la carte du duché de Savoie au milieu du XV e siècle. Nous pouvons prendre, pour nous repérer, le lac Léman et la mer Méditerranée en bas. Nous voyons que le duché de Savoie touche cette mer avec une façade sur cette mer assez étroite. Elle est composée de Nice, Villefranche-sur-mer, Saint-Jean-Cap-Ferrat, èze et la Turbie. Elle va de l’embouchure du fleuve Var à Cap-d’Ail. La Savoie possédait le comté de Nice qui comprenait une partie de l’actuel département des Alpes-Maritimes, la vallée de l’Ubaye dans les Alpes de Haute-Provence et une partie dans l’actuelle Regione Ligurie en Italie.
Nous nous apercevons que la Savoie est plus grande que les deux départements actuels de Savoie et de Haute-Savoie, puisqu’elle inclut aussi l’actuel département de l’Ain, ainsi qu’une partie du Franc-Lyonnais. Il y avait cependant une enclave qui était dû à la principauté de la Dombes. Cette principauté est coupée en deux parties.
La Savoie s’étendait aussi au Nord du lac Léman, sur l’actuelle Suisse Romande. Ne sont pas inclus le comté de Neuchâtel. La limite étaient les villes et territoires de Fribourg et de Berne. Néanmoins, ceux-ci ont fait partie de la Savoie à un moment de leur histoire ; Berne entre 1255 et 1277 et Fribourg entre 1452 et 1476. La Haute-Sarine est aussi dans l’orbite savoyarde puisque les comtes de Gruyère sont des vassaux du comte puis duc de Savoie.
Le Valais quand à lui a une histoire particulière. Si le comte de Maurienne Humbert III avait en 1164 l’avouerie impériale sur tout le Valais, les comtes suivant ne contrôleront que le Bas-Valais jusqu’aux faubourgs de Sion. Le duc de Savoie perdra cependant le Valais en 1476.
Une grande partie du duché de Savoie se trouve de l’autre côté des Alpes. Il y a évidemment toute la vallée d’Aoste et la partie basse de la vallée de Suse. La partie haute de cette vallée ainsi que la partie haute de la vallée du Chisone appartient au Dauphiné.
La Savoie possède cependant qu’un cinquième de ce qui allait devenir le Piémont moderne. La plus grande partie se partageait entre la Principauté des Marquis du Montferrat et le duché de Milan. La ville et le comté d’Asti ; ville qui est la plus grande du Piémont, appartient quand à elle, au duc d’Orléans puis en 1498, au roi de France. Elle ne sera savoyarde qu’en 1531.
Le Piémont n’a donc pas d’unité, y compris le Piémont savoyard que l’on peut regrouper en 4 grandes unités en fonctions des 4 diocèses dont il dépend. Le plus important est celui de Turin qui correspond à l’ancien apanage des seigneurs de Savoie-Achaïe. C’est par glissement la principauté du Piémont avec comme villes principales, Pignerol, Moncalieri, Chieri. Fossano et Savigliano. Saluces et son Marquisat sont un état indépendant.
Au Sud, dans les terre du diocèse d’Asti, sur lequel s’est construit le nouveau diocèse de Mondovi, nous trouvons cette ville et la ville de Cuneo. C’est l’ancien Comté provençal du Piémont. Au Sud, entre cette partie et le Comté de Nice se trouve la seigneurie de Tende qui est indépendante. La Haute Vallée du Tanarro, avec la ville de Ceva ne sera savoyarde qu’avec l’acquisition d’Asti en 1531.
Au Nord du Piémont, nous avons deux villes épiscopales. La plus proche du Val d’Aoste est Ivrée. Son diocèse s’étend sur le Canavese dont la plus grande partie dépend du Marquisat du Montferrat. Cependant en 1436, Amédée VIII fait la conquête de la capitale du Montferrat, Chivasso. Ce qui lui permet de relier Turin à Ivrée.
En 1427, Amédée VIII fait l’acquisition de la cité épiscopale de Verceil au dépend du duc de Milan. La Savoie possédait déjà la deuxième plus grande ville du vercellois, Biella. Cependant, il y a là-aussi plusieurs enclaves. La Haute Val-Sesia qui ne deviendra savoyarde qu’en 1713, et la principauté de Masserrano-Crevacuor, une principauté dépendant uniquement du Pape.
A cet ensemble, il faudrait rajouter le Diois et le Valentinois qui ont été savoyard de 1419 à 1426 et seront revendiqués jusqu’en 1451. Se pose aussi la question des Marquisats du Montferrat et de Saluces. Le premier sera sous protectorat savoyard entre 1435 et 1464 et le deuxième oscillera son hommage entre le Dauphiné et la Savoie, ce qui fera l’objet de plusieurs conflits.
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