reconstitution (à l'aide d'une application utilisant l'intelligence artificielle) de l’église de l'ancien chef-lieu, avant qu'elle tombe en ruine, et que son chœur soit transformé en chapelle
merci à Joël Serralongue pour ces précieuses indications qui m'ont permis de réaliser cette reconstitution la plus réaliste possible
la paroisse de Vieugy, sous le vocable de Saint-Martin, comme celle de Seynod, compte certainement parmi les plus anciennes de la région d'Annecy. Cependant elle n'apparaît dans les textes que vers 1140, lorsque l'évêque de Genève, Acducius de Faucigny, la cède avec d'autres à l'abbaye de Talloires qui en percevra les dîmes, à charge de nommer et d'entretenir le curé.
au XVe siecle, Vieugy dépendait de l'ancien diocèse de Genève, et d'après les compte-rendu des visites pastorales effectuées par l'évèque et de ses serviteurs, en 1414, l'état matériel de l'église laissait un peu à désirer, et il donna deux ans aux paroissiens pour refaire la couverture de la nef et du choeur qui "lui"même s'effondre" et faire relier les livres. En 1417, lors de sa seconde venue, l'évêque constate que les habitants de Vieugy ne l'ont pas écouté : les réparations n'ont pas été effectuées et elles sont de nouveau demandées.
source : Seynod, Vieugy et Balmont, d'après les visites pastorales - Laurent Perrillat
Le vendredi 2 avril 1706, le presbytère devint la proie des flammes et les registres de la paroisse furent consumés. le curé Serge Delacroix a sauvé les meilleurs papiers et argenteries de l'église, pendant que les paroissiens tentaient d’éteindre l'incendie.
Voici le témoignage de Serge Delacroix au début des registres des naissances de Vieugy en 1706
extrait de la mappe sarde de Vieugy (l'ancien chef lieu était alors le centre du village).
on repère facilement l'emplacement de l'église (bâtiment avec une croix dessus)
A la fin du 18e siècle, la vieille église se trouvait dans un triste état. la voûte du choeur laissait filtrer la pluie jusque sur l'autel. La nef plafonnée en bois était encore solide, mais sur les tribunes construites au fond de l'église, les confreres du Saint-Sacrement avaient de la peine à trouver place pour réciter leur office et ne pouvaient se lever de leur banc sans heurter de la tête les poutres du plafond. A l'extérieur, le mur de façade faisait "un ventre dans le milieu, fort considérable". En entrant ou en sortant de l'église, on risquait de recevoir un morceau de l'avant-toit sur la tête. Quand au clocher, couvert en tavaillons et appuyé sur la charpente de la nef, il menaçait de s'effondrer, entraînant dans sa chute les deux cloches.
Cette situation émut les gros propriétaire de Vieugy, tous bons bourgeois d'Annecy comme l'avocat fiscal Richard, les notaires Jean-Michel Morens et Georges Burnod, le chanoine Dépollier et les administrateurs de l'Hôpital général d'Annecy. Si on laissait s'aggraver la situation, les dépenses seraient considérables et "épuiseraient les habitants, qui ne sont point opulents, et bien loin de là, il y a plus de pauvres que de riches, lesquels ont déjà supporté des augmentations considérables, il y a quelques années, pour la reconstruction du presbytère". Aussi adressèrent-ils une requête à l'intendant de Genevois pour le prier de prendre des mesures indispensables.
L'architecte Charles Gallo, à qui l'on doit en partie l'ancien palais épiscopal d'Annecy, aujourd'hui conservatoire de musique dressa un projet de reconstruction le 19 juin 1777, et le prix-fait des réparations fut expédié aux enchères à Hugues Monet, maître Charpentier, natif de Beaurapaire en Dauphiné mais habitant Annecy, qui à l'extinction de la troisième bougie avait fait les meilleurs conditions, soit 750 livres.
en avril 1778, le conseil de Vieugy a demandé une révision du plan de Gallo, afin de faire baisser le prix, ce qu'il fit en août 1778, avec un projet moins ambitieux, chiffré à 757 livres.
la suite de l'histoire est dans la réponse à cette publication
église ancienne à clocher-porche en façade , chainages d'angle en calcaire blanc (en raison de la proximité des carrières du Semnoz)histoire de l'ancienne église de Vieugy
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histoire de l'ancienne église de Vieugy
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Stéphane MUGNIER
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Re: histoire de l'ancienne église de Vieugy
nouveau projet de clocher pour l'église de Vieugy en juillet 1779
Pendant la période Sarde (1815-1860), furent construits une sacristie, dans le prolongement du chœur, et un clocher de type porche, placé au milieu de la façade et dont le rez-de-chaussée servait d'entrée à l'église. Des travaux de menuiserie, plâtrerie et peintures furent effectués en1843, d'après un devis de l'architecte Camille Ruphy, par François Anselmi, Maître Gypseur et Jean-Baptiste Gilardi, maître menuisier, tous deux artisans venus de la Val Sesia se fixer à Annecy
en 1862, le projet de construction de l’église actuelle, en bordure de l'ancienne route d’Annecy à Aix-les-Bains a susciter une vive opposition de la part des habitants du chef-lieu de Vieugy, qui se voyaient déposséder de leur église, et de la part également du conseil municipal de Seynod, invité à participer aux frais de construction à cause du hameau de Sacconges : "oui, l'église est de beaucoup top petite, Le desservant ne peut jamais, faut d'espace, officier selon les rubriques, il n'a pas d'espace autour de l'autel, pas de passage pour aller en chaire et pour se rendre aux diverses parties de l'église quand l'exigent les cérémonies religieuses. Beaucoup de personnes ne pouvant pénétrer dans l'intérieur de l'église, restent dehors en face de la grande porte d'entrée et entendent de là, la messe. Cela est insupportable quand il fait beau, mais si le temps est mauvais, ces personnes sont obligées de se retirer. Que ne souffre pas la santé publique dans cet amas de personnes qui, au bout de quelques instants ont corrompu l'air qui, faute de fenêtres assez grandes et assez nombreuses ne peut se renouveler..."
En dépit de l’opposition, le projet suivit sont cours, et la nouvelle église fut construite en 1872, avec un Presbytère pour un cout total de 31 998.69 francs.
Personne jusque là, préfet, évêque, curé ou élus municipaux, ne s'était préoccupé du sort de l'ancienne église, vouée à la démolition, et de la valeur sentimentale que pouvait représenter, malgré sa modestie architecturale, ce "lieu de mémoire". D'innombrables générations de paysans de Vieugy étaient venus là chaque dimanche assister à la messe, ils y avaient été baptisés, s'y étaient mariés et dormaient de leur dernier sommeil à l'ombre des vieux murs. Le conseil municipal dans sa séance du 20 octobre 1870, en décidant l'aliénation de l'ancien presbytère, la démolition de la nef et du clocher et la vente du terrain pour se procurer des fonds '...le chœur de l'ancienne église pour le convertir en chapelle qui restera comme un souvenir ; et le cimetière par respect pour les ossements de nos ancêtres"
Sans attendre la réception d’œuvre définitive de la nouvelle église, le conseil avait passé contrat pour la construction d'un nouveau presbytère, le 7 janvier 1871, avec l'entrepreneur Jean Daviet. Ce dernier prenait à sa charge la démolition de la net et du clocher de l'ancienne église et s'engageait à construire un mur de façade au niveau de l'arc séparant le chœur de la nef et à y replacer la porte d'entrée.
Après avoir restauré la chapelle, la commune envisagea de restaurer l'intérieur et d'aménager l’environnement immédiat de l'édifice en créant un espace vert qui serait un lieu de repos en rappelant les origines La chapelle fut restaurée extérieurement à l'automne 1992 et des fouilles archéologiques de surface conduites par Joël Serralongue, archéologue départemental, aidé par des collégiens de Seynod, permirent de repérer à l'automne 1994 les murs de la nef de l'ancienne église. compte rendu des fouilles archéologiques :
le projet de mise en valeur de l'espace environnant le chœur (XVe-XIIe siècle) de l'ancienne église paroissiale Saint-Martin de Vieugy, a permis de proposer à la municipalité de marquer au sol le tracé de cet édifice de manière à restituer à ce lieu son caractère d'origine : cette opération avait également pour objet de dresser un état du sous-sol afin de déterminer l’intérêt d'y mener ultérieurement des fouilles plus importantes. Les recherches, volontairement brèves, ont été limitées aux dégagements des murs périmétriques de la nef, drésée au XIXe siècle : profondément récupérés ces murs ne sont apparus que sous forme de négatifs remplis de matériaux de démolition. Par contre, mais reconnues trop partiellement dans les parois des tranchées, sont apparues des fondations de murs, appartenant à des édifices ou à des aménagements antérieurs. Parmi les nombreuses sépultures, mise en évidence à l'extérieur ou à l'intérieur de l'ancien édifice. une seule, recoupée par le mur de façade de l'église, a été prélevée après étude afin de tenter une datation au carbone 14, indispensable pour proposer un "terminus post-quem" à cette phase de construction. Quelques éléments d'un coffre en dalles de molasse, partiellement détruit par le mur gouttereau sud de la nef, permettent de supposer qu'un premier lieu
sources : textes : Roger Devos - différents articles parus dans le bulletin du Vieux Seynod
dessins : archives départementales de Haute-Savoie et archives municipales d'Annecy
reconstitution de l'eglise via l'intelligence artificielle : stephane mugnier
Malheureusement, s'en est suivi la révolution française accompagnée d'une période de persécution et de vandalisme, et l'église de Vieugy, comme toutes celles de la région, connut des dégradations. Vieugy ne verrait donc pas sa vieille église couronnée de l’élégant clocher dessiné par Gallo. Pourtant la paroisse allait bientôt recevoir un legs qui, survenant quelques années plus tôt, lui aurait permis de réaliser d'importants travaux. Le 20 janvier 1793, le Révérend Claude Fleury décédait, laissant par son testament du 18 janvier, l'essentiel de ses biens à sa paroisse à la charge d'employer le montant de son héritage "à faire des réparations tant à l'église qu'au presbytère et notamment à l'achat et fonte d'une cloche, à la clôture du cimetière et à l'achat d'ornements pour le culte". Le bon curé mourrait à propos, si l'on peut dire, car le 8 février les commissaires de la Convention nationale en Savoie, devenue le département du Mont-Blanc, rendaient exécutoire dans leur ressort la constitution civile du clergé et les prêtres, qui refuseraient d'y prêter serment, seraient obligés de s'expatrier sous peine de déportation. Mais son héritage considérable, (2536 livres et 8 sols), arrivait trop tard. L'heure n'était plus à réparer les églises, l'administration révolutionnaire allait bientôt réquisitionner les cloches, abattre les clochers, transformer les sanctuaires dévastés en Temple de la raison.Pendant la période Sarde (1815-1860), furent construits une sacristie, dans le prolongement du chœur, et un clocher de type porche, placé au milieu de la façade et dont le rez-de-chaussée servait d'entrée à l'église. Des travaux de menuiserie, plâtrerie et peintures furent effectués en1843, d'après un devis de l'architecte Camille Ruphy, par François Anselmi, Maître Gypseur et Jean-Baptiste Gilardi, maître menuisier, tous deux artisans venus de la Val Sesia se fixer à Annecy
en 1862, le projet de construction de l’église actuelle, en bordure de l'ancienne route d’Annecy à Aix-les-Bains a susciter une vive opposition de la part des habitants du chef-lieu de Vieugy, qui se voyaient déposséder de leur église, et de la part également du conseil municipal de Seynod, invité à participer aux frais de construction à cause du hameau de Sacconges : "oui, l'église est de beaucoup top petite, Le desservant ne peut jamais, faut d'espace, officier selon les rubriques, il n'a pas d'espace autour de l'autel, pas de passage pour aller en chaire et pour se rendre aux diverses parties de l'église quand l'exigent les cérémonies religieuses. Beaucoup de personnes ne pouvant pénétrer dans l'intérieur de l'église, restent dehors en face de la grande porte d'entrée et entendent de là, la messe. Cela est insupportable quand il fait beau, mais si le temps est mauvais, ces personnes sont obligées de se retirer. Que ne souffre pas la santé publique dans cet amas de personnes qui, au bout de quelques instants ont corrompu l'air qui, faute de fenêtres assez grandes et assez nombreuses ne peut se renouveler..."
En dépit de l’opposition, le projet suivit sont cours, et la nouvelle église fut construite en 1872, avec un Presbytère pour un cout total de 31 998.69 francs.
Personne jusque là, préfet, évêque, curé ou élus municipaux, ne s'était préoccupé du sort de l'ancienne église, vouée à la démolition, et de la valeur sentimentale que pouvait représenter, malgré sa modestie architecturale, ce "lieu de mémoire". D'innombrables générations de paysans de Vieugy étaient venus là chaque dimanche assister à la messe, ils y avaient été baptisés, s'y étaient mariés et dormaient de leur dernier sommeil à l'ombre des vieux murs. Le conseil municipal dans sa séance du 20 octobre 1870, en décidant l'aliénation de l'ancien presbytère, la démolition de la nef et du clocher et la vente du terrain pour se procurer des fonds '...le chœur de l'ancienne église pour le convertir en chapelle qui restera comme un souvenir ; et le cimetière par respect pour les ossements de nos ancêtres"
Sans attendre la réception d’œuvre définitive de la nouvelle église, le conseil avait passé contrat pour la construction d'un nouveau presbytère, le 7 janvier 1871, avec l'entrepreneur Jean Daviet. Ce dernier prenait à sa charge la démolition de la net et du clocher de l'ancienne église et s'engageait à construire un mur de façade au niveau de l'arc séparant le chœur de la nef et à y replacer la porte d'entrée.
Après avoir restauré la chapelle, la commune envisagea de restaurer l'intérieur et d'aménager l’environnement immédiat de l'édifice en créant un espace vert qui serait un lieu de repos en rappelant les origines La chapelle fut restaurée extérieurement à l'automne 1992 et des fouilles archéologiques de surface conduites par Joël Serralongue, archéologue départemental, aidé par des collégiens de Seynod, permirent de repérer à l'automne 1994 les murs de la nef de l'ancienne église. compte rendu des fouilles archéologiques :
le projet de mise en valeur de l'espace environnant le chœur (XVe-XIIe siècle) de l'ancienne église paroissiale Saint-Martin de Vieugy, a permis de proposer à la municipalité de marquer au sol le tracé de cet édifice de manière à restituer à ce lieu son caractère d'origine : cette opération avait également pour objet de dresser un état du sous-sol afin de déterminer l’intérêt d'y mener ultérieurement des fouilles plus importantes. Les recherches, volontairement brèves, ont été limitées aux dégagements des murs périmétriques de la nef, drésée au XIXe siècle : profondément récupérés ces murs ne sont apparus que sous forme de négatifs remplis de matériaux de démolition. Par contre, mais reconnues trop partiellement dans les parois des tranchées, sont apparues des fondations de murs, appartenant à des édifices ou à des aménagements antérieurs. Parmi les nombreuses sépultures, mise en évidence à l'extérieur ou à l'intérieur de l'ancien édifice. une seule, recoupée par le mur de façade de l'église, a été prélevée après étude afin de tenter une datation au carbone 14, indispensable pour proposer un "terminus post-quem" à cette phase de construction. Quelques éléments d'un coffre en dalles de molasse, partiellement détruit par le mur gouttereau sud de la nef, permettent de supposer qu'un premier lieu
sources : textes : Roger Devos - différents articles parus dans le bulletin du Vieux Seynod
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Stéphane MUGNIER
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