Arrivée à MORET à 30 ans, vers 1886, Sœur Marie Joseph y ouvre vers 1900/1905 une maison de retraite, où 24 veuves âgées de MORET et alentours seront pensionnaires en 1911.
En 1914, elle se propose pour héberger l’Hôpital auxiliaire n° 26 (SSBM), dont elle trouvera le moyen de financer le fonctionnement pendant toute la guerre, et qu’elle dirigera jusqu’à sa fermeture en février 1919 (après le départ ou la mort des derniers soldats blessés au front).
Savoyarde tenace et déterminée, véritable entrepreneuse pleine de ressources, Marie GRANGE/Sœur Marie Joseph s'organisera pour faire venir de SAVOIE près d’une vingtaine de femmes et hommes, religieux, civils, militaires, de BONNEVILLE, CHÂTEL, DRUMETTAZ, FÉTERNES, LESCHERAINES, MÉGÈVE, PLANCHERINE, PONTCHY, PUBLIER, SAINT-ALBAN-LEYSSE, SAINT-JEAN-D’AULPS, THOIRY, THÔNES…, pour travailler avec elle dans la maison de retraite, puis à l'hôpital auxiliaire.
Angéline Marie GRANGE / Sœur Marie Joseph
>> image : pièce jointe 1
entrée en religion le 11/12/1872
née le 19/03/1856 à MEGÈVE ; décès à MORET-SUR-LOING le 13/05/1934
père : François Nicolas GRANGE, né à MEGÈVE en 1820
mère : Marie Joséphine DUPRAZ, née à SAINT-GERVAIS-LES-BAINS en 1826
source informations et photo : pages de dgrange8 https://gw.geneanet.org/dgrange8?lang=f ... e&n=grange
Je n’ai pas de renseignements sur la période de sa vie à MORET de l’après-guerre à sa mort, en 1934.
À la recherche de l’Hôpital auxiliaire n° 26 de MORET-SUR-LOING
Depuis quelques années je cherchais des photos de cet HA n° 26 de MORET ; j'aime illustrer la reconstitution des petites histoires familiales, directes ou collatérales, avec des plans, photos, images des lieux et des maisons où les gens ont vécu ; j’essaie ainsi de retranscrire leur univers quotidien, dans la vision de l’époque. Concernant MORET et mon arrière-grand-père, je voulais rassembler des éléments visuels du cadre des 3 dernières années de sa vie, passées à travailler dans cet hôpital loin de sa famille.
J’avais quelques points de départ pour retrouver cet hôpital auxiliaire n° 26 :
- 2 petites vignettes venant d’une page présentant l’exposition commémorative de novembre 2018 à MORET du centenaire de la Grande guerre ; mais images trop petites pour y distinguer les détails et visages, et ne donnant aucune indication sur la localisation, l’aspect et le devenir du bâtiment de l’hôpital.
>> image : pièce jointe 2
source : https://www.vosinfos.fr/retour-sur-lexp ... e-a-moret/
- cette ligne du Forum PAGES 14-18 :
https://forum.pages14-18.com/viewtopic. ... ng#p307317« l’HA n° 26 a été établi dans un « Asile de vieillards - 40 lits - SSBM - Fonctionne du (2 août 1914 au ?) -
- corroborée par cette petite note en bas d’un article de Wikipedia sur une collectionneuse d’art américaine ayant vécu à MORET :
‘According to U.S. Department of State Records from the Paris Embassy between 1904 and 1924, the hospital opened in August 1914 and was active throughout the war.’
(Selon le Département des archives de l’ambassade américaine à Paris pour la période 1904 à 1924, l’hôpital fonctionna à partir d’août 1914 et pendant toute la durée de la guerre).
Où était la rue du Midi à MORET ? où était l’Hôpital auxiliaire n° 26 ?
Reprenant l’information « Asile de vieillards - 40 lits - SSBM », j'ai trouvé cette photo, avec cette indication :
>> image : pièce jointe 3Les hôpitaux auxiliaires sont sous la direction d’une association de la Croix-Rouge Française (ou d’une association affiliée)
79 hôpitaux auxiliaires sont numérotés, pour la 5ième région, avec la répartition suivante :
- SSBM : de 1 à 53
source : http://hobbiesdejp.free.fr/Collections/ ... REG_HA.htm
Aux AD 77, l’acte de décès à MORET-SUR-LOING de mon arrière-grand-père indique « est décédé à l’ha n°26, rue du Midi ; le second témoin est noté « demeurant à MORET, rue des Granges, voisin »
La rue du Midi n’existe plus à MORET, et impossible de mettre la main sur un plan d’époque mentionnant cette rue ou de savoir si elle a disparu lors de démolitions ou si elle a été renommée.
Je n’ai pas réussi à obtenir des renseignements sur l’histoire ou la localisation de cet hôpital, malgré des échanges de mails infructeux avec le cabinet du maire, les associations de généalogie locales et la Croix-Rouge, qui gère habituellement les archives des hôpitaux auxiliaires et complémentaires privés.
Aucune plaque commémorative à MORET ne mentionne aujourd’hui l’emplacement de l’HA 26 ; les cérémonies officielles 2018 du centenaire se sont déroulées devant l’Hôtel de ville et le monument aux morts, sans mention ni passage du cortège devant cet ancien hôpital.
Je pensais donc que ce bâtiment avait disparu et que l’ancien asile avait été démoli, par exemple lors d’une modernisation ces bâtiments ou d’un réaménagement urbain ayant supprimé la rue du Midi.
Sauf que non…
J’ai pu récemment retrouver des images d’époque de l’HA n° 26 et de la maison de retraite de Sœur Marie Joseph, rue du Midi, ainsi que des photos actuelles montrant la transformation de ces bâtiments sur un siècle, témoignant de l’effacement de ce passé historique, et de l’œuvre sociale réalisée entre 1886 et 1920 par ces religieuses.
Comme le font remarquer l’historien Xavier Boniface et Mgr Luc Ravel :
L’historien Xavier Boniface estime qu’il y a eu, durant toute la guerre, entre 800 et 1 000 aumôniers catholiques et environ 30 000 combattants qui étaient prêtres (19 000), séminaristes (4 000), religieux ou novices (7 000).
En revanche, le nombre des religieuses qui ont servi dans les hôpitaux à l’arrière ne peut pas être vraiment établi. Quant aux pasteurs et rabbins, ils auraient été respectivement 68 et 23 aumôniers.
Le rôle des hommes et femmes de religion et, plus généralement, celui de la foi religieuse furent importants durant le premier conflit mondial. « Ils sont aujourd’hui occultés », regrette Mgr Luc Ravel. Pour aider à combler ce déficit de mémoire, le responsable des aumôniers catholiques a créé auprès de lui un « comité Grande Guerre » comprenant des historiens et d’anciens militaires.
Les chiffres étaient importants pour un pays marqué par plusieurs années d’anticléricalisme et par la législation de séparation de l’Église et de l’État qui, de 1901 à 1905, s’était traduite notamment par l’expulsion des congrégations à l’étranger.
« La présence des prêtres et religieux catholiques dans la Grande Guerre a symbolisé ce qu’on appelait à l’époque ‘‘l’union sacrée’’, c’est-à-dire la réconciliation entre l’Église et la République laïque, souligne Xavier Boniface. Les membres du clergé et les congréganistes se sont mobilisés dès le début de la guerre, les seconds revenant en France pour répondre à l’appel aux armes, qui s’imposait à eux. Le sens du sacrifice des uns et des autres leur a vite conféré une légitimité auprès de la troupe. »
http://www.air-defense.net/forum/topic/ ... de-guerre/
Archives aux ÉTATS-UNIS
Cette enquête, allant de surprise en surprise, aboutit pour l’instant aux États-Unis, à PHILADELPHIE, dans les archives privées d’une dynastie industrielle de quakers, brasseurs-malteurs depuis 1680, qui a conservé des lettres de Sœur Marie Joseph, en passant par la Bibliothèque du Congrès à WASHINGTON D. C.
Pour les marmottes et lecteurs des familles des hommes et femmes savoyards qui seront cités dans la suite de ce billet, il vous restera à continuer la quête, si vous souhaitez reconstituer leurs années morétainnes avant, pendant et après la Grande guerre.
La suite demain avec la période 1886-1914, de l’arrivée de Sœur Marie Joseph à MORET-SUR-LOING à la réalisation de la Maison de retraite.