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ARCHIVES NATIONALES

Posté : 15 févr. 2015, 19:20
par ASSOUS
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Les Archives nationales sont-elles en faillite ?
12 OCTOBRE 2014 | PAR JULIE CHARMOILLAUX
300 000 €, soit 8 mois d’impayés, c’est la somme que le Ministère de la Culture et les Archives nationales devraient à la société de nettoyage NETTEC dans le cadre de la prestation propreté du site des Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine.

En représailles du non-paiement de cette dette, la société NETTEC a décidé ce matin de procéder au retrait total du papier toilette et des essuie-mains jetables en place dans chaque bloc sanitaire du site, tant ceux à disposition des publics que des agents. Cette mesure de rétorsion de NETTEC serait applicable jusqu’à nouvel ordre…

Évidemment, chacun peut s’imaginer la gêne qui a été occasionnée par cette situation incroyable et qui s’est achevée en début d’après-midi. Face à l’urgence de la situation, la Direction des Archives nationales a décidé l’achat de papier toilette au supermarché Carrefour de Saint-Denis et a lancé une opération d’installation des précieux rouleaux. Bien sûr, rien n’est réglé et personne ne sait ce qui va se passer demain.

Pour autant, et au-delà de la gêne pour les utilisateurs, n’oublions pas que les premiers à payer les pots cassés risquent bien d’être les ouvrières et les ouvriers du chantier de nettoyage de Pierrefitte-sur-Seine-sur-Seine eux-mêmes. In fine, leur patron aura beau jeu d’arguer de la dette de 300 000 € des Archives nationales pour justifier les retards ou paiements partiels des salaires ; pour imposer des réductions du nombre d’heures de travail, des mutations forcées ou toute forme de réorganisation ; voire pour justifier le placement en chômage partiel ou les licenciements secs d’une partie d’entre eux…

En tout cas, la responsabilité du donneur d’ordre - le Ministère de la Culture et les Archives nationales - est totale.

Mais ce n’est pas tout, les impayés ne concerneraient pas que la prestation nettoyage. En effet, pas plus tard que la semaine dernière des employés de VEOLIA seraient venus sur le site de Pierrefitte-sur-Seine-sur-Seine pour procéder à une coupure d’eau (au sens premier du terme) et cela après que 5 commandements à payer aient été transmis en vain à l’institution.

Enfin, la dette des Archives nationales auprès d’EDF s’établirait, elle, à plus de 50 000 € !

Quant au site des archives de Fontainebleau il est fermé depuis plus de six mois engendrant une paralysie quasi totale du centre.

En effet, depuis le 28 mars 2014 l’accès aux principaux bâtiments (dits Unités 1 et 2) du site des Archives nationales de Fontainebleau est totalement interdit (même au service des sapeurs pompiers en cas d’incendie !) après la découverte d’« un risque portant sur la stabilité structurelle de l’ouvrage ». Cette interdiction vaut jusqu’à établissement d’un diagnostic technique et architectural complet.

Au quotidien, l’activité tourne à un faible régime, les communications administratives sont entravées tout comme les opérations de collecte (par exemple, la collecte d’archives électroniques et audiovisuelles est stoppée jusqu’à la fin de l’année), bien entendu, les chercheurs ne peuvent toujours pas être accueillis. Notez enfin que le service ne dispose toujours pas d’un réseau téléphonique interne…

Pour nos collègues, l’inquiétude fait place à une profonde exaspération : comment est-il possible, alors que le patrimoine archivistique est en danger, qu’aucun diagnostic technique et architectural des bâtiments n’ait pu encore être établi ? Est-il responsable, depuis 6 mois, de laisser ainsi à l’abandon dans des sous-sols inaccessibles 70 kilomètres linéaires de documents qui forment notre mémoire collective et qui sont un patrimoine inestimable ?

Dernier rebondissement : le 7 octobre, un vol de matériels informatiques et photographiques pour un montant de plusieurs dizaines de milliers d’euros (la somme de 80 000 euros est évoquée) est constaté.

A l’heure actuelle, s’il est avéré que des matériels photographiques et informatiques ont bien été volés, rien ne peut encore assurer qu’aucun autre vol ou dégradation (de matériels, d’outils ou de documents d’archives) n’ont été commis.

Alors à qui la faute ? Certainement pas aux agents qui depuis 6 mois n’ont plus accès à leurs bureaux et ateliers. Encore moins à nos collègues photographes qui voient aujourd’hui leurs outils de travail dérobés !

Les responsables sont à chercher du côté de la Direction des Archives nationales et du Ministère de la Culture, les mêmes que nous ne cessons d’alerter sur la situation dramatique et urgente du site depuis 6 mois et qui depuis ne se sont illustrés que par leur inertie mortifère.

Voilà ce que nous apprennent les différents communiqués du Syndicat national CGT des Archives de France.

Il est temps pour Madame Fleur Pellerin de se positionner sur la « question » des Archives nationales et d’œuvrer à résoudre la crise historique qui frappe l’institution sur tous ses sites franciliens : Fontainebleau, Pierrefitte-sur-Seine-sur-Seine (93) et Paris (75).

Il n'est pas inutile de rappeler que les archives nationales, c'est un élément vital du patrimoine de ce pays car elles conservent les documents de toute l'histoire de France et de ses institutions depuis les papyrusss mérovingiens jusqu'à nos jours, en passant par les dossiers de l'Affaire Dreyfus, ceux de la révolution française, de La Commune de Paris, de la guerre d' Algérie, des colonies, de tout l'Ancien régime, du ministère de l'intérieur, pour ne citer que ceux-là. Cette institution créée par la révolution française est accessible à toute personne, citoyens ou étrangers, sans distinction. A ce rythme, c'est son existence même qui est en question.