Les Citations du 22e B.C.A.
Premier corps de l'Armée Française à avoir obtenu trois citations à l'Ordre de l'Armée en treize mois de combats, le 22ème B.C.A. se voit attribuer la Fourragère aux couleurs de la Croix de Guerre par l'Ordre général N° 1 F du Grand Quartier Général, en date du 5 Juin 1916. Une quatrième citation à l'Ordre de l'Armée, datée du 11 Novembre 1918 lui accordera la Fourragère aux couleurs de la Médaille Militaire.
Ordre Général N° 32 de la VIIème Armée, du 9 Juillet 1915.
"A fait preuve d'une vaillance et d'une énergie au dessus de tout éloge en enlevant une position très solidement organisée, dans laquelle l'ennemi se considérait comme inexpugnable, d'après les déclarations mêmes des officiers prisonniers." "S'est maintenu ensuite sur les positions conquises, malgré un très violent bombardement, et, pendant trois nuits, a repoussé victorieusement trois contre-attaques menées par des forces supérieures, auxquelles il a infligé de très lourdes pertes." signé: De Maudhuy
Le Barrenkopf Après Metzeral, le bataillon est allé panser ses blessures et se refaire un peu, pendant dix jours, près de Fraize, à Clefcy, dans le cimetière duquel reposent quelques-uns des héros tombés à la Béhouille en août et septembre 1914. Puis il remonte en ligne pour prendre part à l'assaut que les 47ème et 129ème Divisions d'Infanterie se préparent à donner à l'ensemble du massif Linge - Schratzmännele - Barrenkopf. L'objectif assigné au Commandant Richard pour la 22ème est le Barrenkopf. Les positions allemandes, fortement organisées, renforcées de casemates et protégées par un épais réseau de barbelés, dominent nos parallèles de départ du haut d'un glacis de deux cents mètres, qu'il faudra obligatoirement traverser. A quatre heures du matin, le 20 juillet, tous calibres confondus, les batteries françaises commencent un pilonnage d'une violence inouïe, qui se prolonge jusqu'à quatorze heures. Il cesse soudain, et, dans le silence revenu, les chasseurs s'élancent, baïonnette haute, au coup de sifflet du Commandant Richard. Ce même coup de sifflet semble commander également le tir de barrage des batteries lourdes allemandes, tandis que les mitrailleurs ennemis, bien protégés dans leurs casemates de béton ou de rondins, prennent les vagues d'assaut en enfilade. Des hommes tombent, par groupes entiers. Les survivants des compagnies traversent cependant les réseaux déchiquetés par la préparation d'artillerie et atteignent le sommet, aussitôt attaqués par les réserves ennemies demeurées à l'abri de la contre-pente. Plusieurs fois repoussés au cours de combats qui tournent au corps-à-corps, les Allemands parviennent à refouler les sections décimées, qui s'accrochent de nouveau en contrebas, à mi-pente. Le Commandant Richard y a installé son poste de commandement dans un ancien abri, à demi effondré.
Le Caporal clairon Calixte Coppier, chef de l'équipe des agents de liaison, en part pour porter un ordre à une compagnie voisine, au travers du terrain battu par les tirs de l'ennemi. A son retour, il découvre un énorme cratère. Un obus de 220 a volatilisé l'abri, écrasant ses occupants. Le Lieutenant Desforge, officier-adjoint, qui revenait lui-aussi d'une liaison a été grièvement blessé; le commandant est mort. Tombés aussi, ce jour-là, les Lieutenants Gay et Laurent, les sous-Lieutenants Blanc, Dechaine et Garin, le Médecin-auxiliaire Joanny Bondrille et cent quatre-vingt-six sous-officiers et chasseurs. Il y a en outre plus de quatre cents blessés, dont neuf officiers. Le 22ème B.C.A. a perdu sur les pentes du Barrenkopf cinquante pour cent de son effectif. Le Capitaine de Verdilhac prend le commandement de ce qui reste du bataillon. Le 22ème, exangue, est relevé sur ses positions par le 115° B.C.A. et envoyé se refaire au Lac Noir.
Le Lac Noir Il y restera jusqu'au début du mois d'août. Bien que les baraquements n'y offrent qu'un confort minimum et soient relativement proches du front, c'est une véritable oasis de calme et de repos pour ces hommes qui reviennent de l'enfer. Un renfort de cinq cents hommes vient recompléter le 22, dont le Chef de Bataillon Quinat, qui vient - coïncidence - du 22ème Régiment d'Infanterie, prend le commandement…
Cela est vraiment une page d'histoire vécu par Calixte COPPIER !
Cordialement,
Jean-Claude DESTAGNOL