Le Calvaire de Megève, œuvre d’un homme et d’un village
Posté : 21 juil. 2012, 21:38
Ambroise Martin a 29 ans quand il est nommé curé de Megève en 1820. Ce brillant séminariste, originaire d’Évian, arrive au Pays du Mont-Blanc peu après la Terreur et sa politique de déchristianisation terrible. Les messes étaient alors célébrées clandestinement, les croix arrachées, les chapelles fermées… En 1794, le clocher de Megève est même “guillotiné”. Ses “bourreaux” détruisent les cloches pour n’en laisser qu’une : la cloche révolutionnaire.
C’est après cette période troublée qu’arrive Ambroise Martin, sa foi en bandoulière. Il entreprend alors de restaurer le patrimoine religieux endommagé, fait rouvrir les chapelles des hameaux, acquiert un orgue et fait fondre un nouveau carillon à 10 cloches. Dès 1821, il demande la constitution de la confrérie du Sacré-Cœur-de-Jésus. Il fait venir à Megève les sœurs de Saint-Joseph ainsi que les Frères des écoles chrétiennes en 1823 et crée une classe de latin. En 1834, il se rend dans le Piémont italien et découvre le mont sacré de Varallo, où se trouvent des centaines de statues en bois polychrome. Pour lui, c’est une révélation, devant cette sorte de catéchisme grandeur nature. Il décide alors de créer un calvaire semblable sur les contreforts du mont d’Arbois, où il déniche un site lui rappelant le Golgotha de Jérusalem et qu’il achète en 1840.
Mais même si sa foi lui permet de déplacer des montagnes, rien n’aurait pu se faire sans le concours des habitants. « Ce calvaire est l’œuvre d’un homme mais aussi de tout un village » indique Édouard Apertet, guide du patrimoine des Pays de Savoie. Tout le monde participe, soit par conviction soit par peur d’aller en enfer : les plus riches, qui effectuent des dons, et les plus pauvres, qui donnent de leur temps et de leur énergie.
En 1843, trois grandes croix sont érigées. Petit à petit, les travaux continuent : chapelles et oratoires se multiplient, avec le concours d’artistes locaux et italiens. Le curé se mue alors en architecte et chef de chantier.
Et en 1850, la chapelle Notre-Dame-des-Vertus reçoit du pape Pie IX un privilège rare : l’indulgence de la Portioncule, censée faciliter l’accès des fidèles et de leurs proches au paradis. Un événement qui suscite d’importants pèlerinages comme en 1852, avec la venue de plus de 6000 “étrangers à la paroisse”. Et jusqu’à sa mort en 1863, il consacre sa vie à faire sortir de terre ce calvaire.
Auparavant, il a même fait éditer un “Guide et manuel du pèlerin au calvaire érigé à Megève”. Un ouvrage dans lequel il parle du calvaire comme de “la Rome de la Savoie” ou même de “la Palestine savoisienne” ! Le péché d’orgueil n’était pas loin…
par Anthony GRANGER le 21/07/2012 à 06:01
Le Dauphiné Libéré
C’est après cette période troublée qu’arrive Ambroise Martin, sa foi en bandoulière. Il entreprend alors de restaurer le patrimoine religieux endommagé, fait rouvrir les chapelles des hameaux, acquiert un orgue et fait fondre un nouveau carillon à 10 cloches. Dès 1821, il demande la constitution de la confrérie du Sacré-Cœur-de-Jésus. Il fait venir à Megève les sœurs de Saint-Joseph ainsi que les Frères des écoles chrétiennes en 1823 et crée une classe de latin. En 1834, il se rend dans le Piémont italien et découvre le mont sacré de Varallo, où se trouvent des centaines de statues en bois polychrome. Pour lui, c’est une révélation, devant cette sorte de catéchisme grandeur nature. Il décide alors de créer un calvaire semblable sur les contreforts du mont d’Arbois, où il déniche un site lui rappelant le Golgotha de Jérusalem et qu’il achète en 1840.
Mais même si sa foi lui permet de déplacer des montagnes, rien n’aurait pu se faire sans le concours des habitants. « Ce calvaire est l’œuvre d’un homme mais aussi de tout un village » indique Édouard Apertet, guide du patrimoine des Pays de Savoie. Tout le monde participe, soit par conviction soit par peur d’aller en enfer : les plus riches, qui effectuent des dons, et les plus pauvres, qui donnent de leur temps et de leur énergie.
En 1843, trois grandes croix sont érigées. Petit à petit, les travaux continuent : chapelles et oratoires se multiplient, avec le concours d’artistes locaux et italiens. Le curé se mue alors en architecte et chef de chantier.
Et en 1850, la chapelle Notre-Dame-des-Vertus reçoit du pape Pie IX un privilège rare : l’indulgence de la Portioncule, censée faciliter l’accès des fidèles et de leurs proches au paradis. Un événement qui suscite d’importants pèlerinages comme en 1852, avec la venue de plus de 6000 “étrangers à la paroisse”. Et jusqu’à sa mort en 1863, il consacre sa vie à faire sortir de terre ce calvaire.
Auparavant, il a même fait éditer un “Guide et manuel du pèlerin au calvaire érigé à Megève”. Un ouvrage dans lequel il parle du calvaire comme de “la Rome de la Savoie” ou même de “la Palestine savoisienne” ! Le péché d’orgueil n’était pas loin…
par Anthony GRANGER le 21/07/2012 à 06:01
Le Dauphiné Libéré