histoire de l'ancienne église de Vieugy
Posté : 28 déc. 2023, 22:57
reconstitution (à l'aide d'une application utilisant l'intelligence artificielle) de l’église de l'ancien chef-lieu, avant qu'elle tombe en ruine, et que son chœur soit transformé en chapelle
merci à Joël Serralongue pour ces précieuses indications qui m'ont permis de réaliser cette reconstitution la plus réaliste possible
la paroisse de Vieugy, sous le vocable de Saint-Martin, comme celle de Seynod, compte certainement parmi les plus anciennes de la région d'Annecy. Cependant elle n'apparaît dans les textes que vers 1140, lorsque l'évêque de Genève, Acducius de Faucigny, la cède avec d'autres à l'abbaye de Talloires qui en percevra les dîmes, à charge de nommer et d'entretenir le curé.
au XVe siecle, Vieugy dépendait de l'ancien diocèse de Genève, et d'après les compte-rendu des visites pastorales effectuées par l'évèque et de ses serviteurs, en 1414, l'état matériel de l'église laissait un peu à désirer, et il donna deux ans aux paroissiens pour refaire la couverture de la nef et du choeur qui "lui"même s'effondre" et faire relier les livres. En 1417, lors de sa seconde venue, l'évêque constate que les habitants de Vieugy ne l'ont pas écouté : les réparations n'ont pas été effectuées et elles sont de nouveau demandées.
source : Seynod, Vieugy et Balmont, d'après les visites pastorales - Laurent Perrillat
Le vendredi 2 avril 1706, le presbytère devint la proie des flammes et les registres de la paroisse furent consumés. le curé Serge Delacroix a sauvé les meilleurs papiers et argenteries de l'église, pendant que les paroissiens tentaient d’éteindre l'incendie.
Voici le témoignage de Serge Delacroix au début des registres des naissances de Vieugy en 1706
extrait de la mappe sarde de Vieugy (l'ancien chef lieu était alors le centre du village).
on repère facilement l'emplacement de l'église (bâtiment avec une croix dessus)
A la fin du 18e siècle, la vieille église se trouvait dans un triste état. la voûte du choeur laissait filtrer la pluie jusque sur l'autel. La nef plafonnée en bois était encore solide, mais sur les tribunes construites au fond de l'église, les confreres du Saint-Sacrement avaient de la peine à trouver place pour réciter leur office et ne pouvaient se lever de leur banc sans heurter de la tête les poutres du plafond. A l'extérieur, le mur de façade faisait "un ventre dans le milieu, fort considérable". En entrant ou en sortant de l'église, on risquait de recevoir un morceau de l'avant-toit sur la tête. Quand au clocher, couvert en tavaillons et appuyé sur la charpente de la nef, il menaçait de s'effondrer, entraînant dans sa chute les deux cloches.
Cette situation émut les gros propriétaire de Vieugy, tous bons bourgeois d'Annecy comme l'avocat fiscal Richard, les notaires Jean-Michel Morens et Georges Burnod, le chanoine Dépollier et les administrateurs de l'Hôpital général d'Annecy. Si on laissait s'aggraver la situation, les dépenses seraient considérables et "épuiseraient les habitants, qui ne sont point opulents, et bien loin de là, il y a plus de pauvres que de riches, lesquels ont déjà supporté des augmentations considérables, il y a quelques années, pour la reconstruction du presbytère". Aussi adressèrent-ils une requête à l'intendant de Genevois pour le prier de prendre des mesures indispensables. L'architecte Charles Gallo, à qui l'on doit en partie l'ancien palais épiscopal d'Annecy, aujourd'hui conservatoire de musique dressa un projet de reconstruction le 19 juin 1777, et le prix-fait des réparations fut expédié aux enchères à Hugues Monet, maître Charpentier, natif de Beaurapaire en Dauphiné mais habitant Annecy, qui à l'extinction de la troisième bougie avait fait les meilleurs conditions, soit 750 livres.
en avril 1778, le conseil de Vieugy a demandé une révision du plan de Gallo, afin de faire baisser le prix, ce qu'il fit en août 1778, avec un projet moins ambitieux, chiffré à 757 livres.
la suite de l'histoire est dans la réponse à cette publication
église ancienne à clocher-porche en façade , chainages d'angle en calcaire blanc (en raison de la proximité des carrières du Semnoz)merci à Joël Serralongue pour ces précieuses indications qui m'ont permis de réaliser cette reconstitution la plus réaliste possible
la paroisse de Vieugy, sous le vocable de Saint-Martin, comme celle de Seynod, compte certainement parmi les plus anciennes de la région d'Annecy. Cependant elle n'apparaît dans les textes que vers 1140, lorsque l'évêque de Genève, Acducius de Faucigny, la cède avec d'autres à l'abbaye de Talloires qui en percevra les dîmes, à charge de nommer et d'entretenir le curé.
au XVe siecle, Vieugy dépendait de l'ancien diocèse de Genève, et d'après les compte-rendu des visites pastorales effectuées par l'évèque et de ses serviteurs, en 1414, l'état matériel de l'église laissait un peu à désirer, et il donna deux ans aux paroissiens pour refaire la couverture de la nef et du choeur qui "lui"même s'effondre" et faire relier les livres. En 1417, lors de sa seconde venue, l'évêque constate que les habitants de Vieugy ne l'ont pas écouté : les réparations n'ont pas été effectuées et elles sont de nouveau demandées.
source : Seynod, Vieugy et Balmont, d'après les visites pastorales - Laurent Perrillat
Le vendredi 2 avril 1706, le presbytère devint la proie des flammes et les registres de la paroisse furent consumés. le curé Serge Delacroix a sauvé les meilleurs papiers et argenteries de l'église, pendant que les paroissiens tentaient d’éteindre l'incendie.
Voici le témoignage de Serge Delacroix au début des registres des naissances de Vieugy en 1706
extrait de la mappe sarde de Vieugy (l'ancien chef lieu était alors le centre du village).
on repère facilement l'emplacement de l'église (bâtiment avec une croix dessus)
A la fin du 18e siècle, la vieille église se trouvait dans un triste état. la voûte du choeur laissait filtrer la pluie jusque sur l'autel. La nef plafonnée en bois était encore solide, mais sur les tribunes construites au fond de l'église, les confreres du Saint-Sacrement avaient de la peine à trouver place pour réciter leur office et ne pouvaient se lever de leur banc sans heurter de la tête les poutres du plafond. A l'extérieur, le mur de façade faisait "un ventre dans le milieu, fort considérable". En entrant ou en sortant de l'église, on risquait de recevoir un morceau de l'avant-toit sur la tête. Quand au clocher, couvert en tavaillons et appuyé sur la charpente de la nef, il menaçait de s'effondrer, entraînant dans sa chute les deux cloches.
Cette situation émut les gros propriétaire de Vieugy, tous bons bourgeois d'Annecy comme l'avocat fiscal Richard, les notaires Jean-Michel Morens et Georges Burnod, le chanoine Dépollier et les administrateurs de l'Hôpital général d'Annecy. Si on laissait s'aggraver la situation, les dépenses seraient considérables et "épuiseraient les habitants, qui ne sont point opulents, et bien loin de là, il y a plus de pauvres que de riches, lesquels ont déjà supporté des augmentations considérables, il y a quelques années, pour la reconstruction du presbytère". Aussi adressèrent-ils une requête à l'intendant de Genevois pour le prier de prendre des mesures indispensables. L'architecte Charles Gallo, à qui l'on doit en partie l'ancien palais épiscopal d'Annecy, aujourd'hui conservatoire de musique dressa un projet de reconstruction le 19 juin 1777, et le prix-fait des réparations fut expédié aux enchères à Hugues Monet, maître Charpentier, natif de Beaurapaire en Dauphiné mais habitant Annecy, qui à l'extinction de la troisième bougie avait fait les meilleurs conditions, soit 750 livres.
en avril 1778, le conseil de Vieugy a demandé une révision du plan de Gallo, afin de faire baisser le prix, ce qu'il fit en août 1778, avec un projet moins ambitieux, chiffré à 757 livres.
la suite de l'histoire est dans la réponse à cette publication