Page 1 sur 1

Marie GRANGE et l’Hôpital auxiliaire n°26 de MORET-SUR-LOING

Posté : 19 mars 2022, 11:46
par gavillet_f
C’est en recherchant des informations sur l’Hôpital auxiliaire n° 26 de MORET-SUR-LOING, où est mort un de mes arrière-grands-pères en décembre 1918, que j’ai découvert le travail réalisé par Sœur Marie Joseph, née Angéline Marie GRANGE en 1856 à MEGÈVE.

Arrivée à MORET à 30 ans, vers 1886, Sœur Marie Joseph y ouvre vers 1900/1905 une maison de retraite, où 24 veuves âgées de MORET et alentours seront pensionnaires en 1911.

En 1914, elle se propose pour héberger l’Hôpital auxiliaire n° 26 (SSBM), dont elle trouvera le moyen de financer le fonctionnement pendant toute la guerre, et qu’elle dirigera jusqu’à sa fermeture en février 1919 (après le départ ou la mort des derniers soldats blessés au front).

Savoyarde tenace et déterminée, véritable entrepreneuse pleine de ressources, Marie GRANGE/Sœur Marie Joseph s'organisera pour faire venir de SAVOIE près d’une vingtaine de femmes et hommes, religieux, civils, militaires, de BONNEVILLE, CHÂTEL, DRUMETTAZ, FÉTERNES, LESCHERAINES, MÉGÈVE, PLANCHERINE, PONTCHY, PUBLIER, SAINT-ALBAN-LEYSSE, SAINT-JEAN-D’AULPS, THOIRY, THÔNES…, pour travailler avec elle dans la maison de retraite, puis à l'hôpital auxiliaire.

Angéline Marie GRANGE / Sœur Marie Joseph

>> image : pièce jointe 1
entrée en religion le 11/12/1872
née le 19/03/1856 à MEGÈVE ; décès à MORET-SUR-LOING le 13/05/1934
père : François Nicolas GRANGE, né à MEGÈVE en 1820
mère : Marie Joséphine DUPRAZ, née à SAINT-GERVAIS-LES-BAINS en 1826
source informations et photo : pages de dgrange8 https://gw.geneanet.org/dgrange8?lang=f ... e&n=grange

Je n’ai pas de renseignements sur la période de sa vie à MORET de l’après-guerre à sa mort, en 1934.


À la recherche de l’Hôpital auxiliaire n° 26 de MORET-SUR-LOING

Depuis quelques années je cherchais des photos de cet HA n° 26 de MORET ; j'aime illustrer la reconstitution des petites histoires familiales, directes ou collatérales, avec des plans, photos, images des lieux et des maisons où les gens ont vécu ; j’essaie ainsi de retranscrire leur univers quotidien, dans la vision de l’époque. Concernant MORET et mon arrière-grand-père, je voulais rassembler des éléments visuels du cadre des 3 dernières années de sa vie, passées à travailler dans cet hôpital loin de sa famille.

J’avais quelques points de départ pour retrouver cet hôpital auxiliaire n° 26 :
- 2 petites vignettes venant d’une page présentant l’exposition commémorative de novembre 2018 à MORET du centenaire de la Grande guerre ; mais images trop petites pour y distinguer les détails et visages, et ne donnant aucune indication sur la localisation, l’aspect et le devenir du bâtiment de l’hôpital.

>> image : pièce jointe 2
source : https://www.vosinfos.fr/retour-sur-lexp ... e-a-moret/

- cette ligne du Forum PAGES 14-18 :
« l’HA n° 26 a été établi dans un «  Asile de vieillards - 40 lits - SSBM - Fonctionne du (2 août 1914 au ?) -
https://forum.pages14-18.com/viewtopic. ... ng#p307317

- corroborée par cette petite note en bas d’un article de Wikipedia sur une collectionneuse d’art américaine ayant vécu à MORET :
‘According to U.S. Department of State Records from the Paris Embassy between 1904 and 1924, the hospital opened in August 1914 and was active throughout the war.’
(Selon le Département des archives de l’ambassade américaine à Paris pour la période 1904 à 1924, l’hôpital fonctionna à partir d’août 1914 et pendant toute la durée de la guerre).

Où était la rue du Midi à MORET ? où était l’Hôpital auxiliaire n° 26 ?

Reprenant l’information « Asile de vieillards - 40 lits - SSBM », j'ai trouvé cette photo, avec cette indication :
Les hôpitaux auxiliaires sont sous la direction d’une association de la Croix-Rouge Française (ou d’une association affiliée)
79 hôpitaux auxiliaires sont numérotés, pour la 5ième région, avec la répartition suivante :
- SSBM : de 1 à 53
>> image : pièce jointe 3
source : http://hobbiesdejp.free.fr/Collections/ ... REG_HA.htm

Aux AD 77, l’acte de décès à MORET-SUR-LOING de mon arrière-grand-père indique «  est décédé à l’ha n°26, rue du Midi ; le second témoin est noté « demeurant à MORET, rue des Granges, voisin »

La rue du Midi n’existe plus à MORET, et impossible de mettre la main sur un plan d’époque mentionnant cette rue ou de savoir si elle a disparu lors de démolitions ou si elle a été renommée.

Je n’ai pas réussi à obtenir des renseignements sur l’histoire ou la localisation de cet hôpital, malgré des échanges de mails infructeux avec le cabinet du maire, les associations de généalogie locales et la Croix-Rouge, qui gère habituellement les archives des hôpitaux auxiliaires et complémentaires privés.

Aucune plaque commémorative à MORET ne mentionne aujourd’hui l’emplacement de l’HA 26 ; les cérémonies officielles 2018 du centenaire se sont déroulées devant l’Hôtel de ville et le monument aux morts, sans mention ni passage du cortège devant cet ancien hôpital.

Je pensais donc que ce bâtiment avait disparu et que l’ancien asile avait été démoli, par exemple lors d’une modernisation ces bâtiments ou d’un réaménagement urbain ayant supprimé la rue du Midi.

Sauf que non…

J’ai pu récemment retrouver des images d’époque de l’HA n° 26 et de la maison de retraite de Sœur Marie Joseph, rue du Midi, ainsi que des photos actuelles montrant la transformation de ces bâtiments sur un siècle, témoignant de l’effacement de ce passé historique, et de l’œuvre sociale réalisée entre 1886 et 1920 par ces religieuses.

Comme le font remarquer l’historien Xavier Boniface et Mgr Luc Ravel :
L’historien Xavier Boniface estime qu’il y a eu, durant toute la guerre, entre 800 et 1 000 aumôniers catholiques et environ 30 000 combattants qui étaient prêtres (19 000), séminaristes (4 000), religieux ou novices (7 000).
En revanche, le nombre des religieuses qui ont servi dans les hôpitaux à l’arrière ne peut pas être vraiment établi. Quant aux pasteurs et rabbins, ils auraient été respectivement 68 et 23 aumôniers.

Le rôle des hommes et femmes de religion et, plus généralement, celui de la foi religieuse furent importants durant le premier conflit mondial. « Ils sont aujourd’hui occultés », regrette Mgr Luc Ravel. Pour aider à combler ce déficit de mémoire, le responsable des aumôniers catholiques a créé auprès de lui un « comité Grande Guerre » comprenant des historiens et d’anciens militaires.

Les chiffres étaient importants pour un pays marqué par plusieurs années d’anticléricalisme et par la législation de séparation de l’Église et de l’État qui, de 1901 à 1905, s’était traduite notamment par l’expulsion des congrégations à l’étranger.

« La présence des prêtres et religieux catholiques dans la Grande Guerre a symbolisé ce qu’on appelait à l’époque ‘‘l’union sacrée’’, c’est-à-dire la réconciliation entre l’Église et la République laïque, souligne Xavier Boniface. Les membres du clergé et les congréganistes se sont mobilisés dès le début de la guerre, les seconds revenant en France pour répondre à l’appel aux armes, qui s’imposait à eux. Le sens du sacrifice des uns et des autres leur a vite conféré une légitimité auprès de la troupe. »

http://www.air-defense.net/forum/topic/ ... de-guerre/


Archives aux ÉTATS-UNIS

Cette enquête, allant de surprise en surprise, aboutit pour l’instant aux États-Unis, à PHILADELPHIE, dans les archives privées d’une dynastie industrielle de quakers, brasseurs-malteurs depuis 1680, qui a conservé des lettres de Sœur Marie Joseph, en passant par la Bibliothèque du Congrès à WASHINGTON D. C.

Pour les marmottes et lecteurs des familles des hommes et femmes savoyards qui seront cités dans la suite de ce billet, il vous restera à continuer la quête, si vous souhaitez reconstituer leurs années morétainnes avant, pendant et après la Grande guerre.


La suite demain avec la période 1886-1914, de l’arrivée de Sœur Marie Joseph à MORET-SUR-LOING à la réalisation de la Maison de retraite.

Re: Marie GRANGE et l’Hôpital auxiliaire n°26 de MORET-SUR-L

Posté : 19 mars 2022, 13:33
par Marmot91
Passionnant !

Je suis de mon coté "entré en généalogie" (et non dans les ordres, il faut bien le dire ! :lol: ) il y a assez longtemps au CE de Généalogie de mon ancienne boite, grâce à Moret-sur-Loing ! :o

Un gentil membre avait trouvé le moyen (il venait de cette ville !) de récupérer des µfilms de Moret-sur-Loing, et m'avait appris à en faire des relevés (on avait acheté une visionneuse de µfilms, le CE était riche ! :) )
Malheureusement il est parti je ne sais ousque (avec ses µfilms !) mais je vais me renseigner....Il pourrait peut-être aider ... :!: :?:
Il était très axé (et calé) sur cette région et son histoire...

On avait découvert avec lui, au fil des registres dépouillés, comment un de ses ancêtres, ayant cassé les chaises à l'église (par excès de colère...et de boisson !), avait été condamné à payer chaque année
une petite somme d'argent pour rembourser les dégâts (la somme était modique, il était pauvre, et le curé, très méticuleux, notait chaque fois le bilan "reçu / reste à payer" dans les registres...)
Dans cette commune, on avait remarqué que avant la révolution, les veuves non remariées après le décès de leur époux mourraient souvent avant deux ans après.

Je regarde tout ça !
(j'ai du retard sur l'Armorial VOL1 d'Amédée du FOREZ, je voudrais le terminer rapidement pour attaquer d'autres sujets ! ;) )
Bon WE !

Re: Marie GRANGE et l’Hôpital auxiliaire n°26 de MORET-SUR-L

Posté : 21 mars 2022, 00:59
par gavillet_f
1886-1914, arrivée de Marie GRANGE à MORET-SUR-LOING et création de la Maison de retraite
Reprise du fil de l’enquête pour retrouver l’HA n° 26.

Repartant de la mention « asile de vieillards MORET 1900 » dans les moteurs de recherche, je finis, après 170 246 liens et images d’EHPAD, par trouver une carte postale, qui me semble être le bon bâtiment.

Sur le site de vente, la légende indique « Moret-sur-Loing, La maison de retraite, vers 1900 », mais la carte elle-même indique juste « Moret-sur-Loing - La maison de Retraite », sans date ni adresse.
https://www.antiqu-arts.com/fr/seine-et ... -1900.html

> image : pièce jointe 1

La maison de retraite a probablement été photographiée entre 1902 et 1905, si l’on se réfère à cet article sur le cartoliste Lucien Ménard de Fontainebleau :
" Il se lance dans l’édition de cartes postales dès 1902 puis devient éditeur-imprimeur en 1904, en ouvrant un atelier de phototypie."
http://bleau.hautetfort.com/archive/200 ... rd-lm.html


Les recensements de population à MORET de 1881 à 1911

C’est donc dans les recensements de MORET autour de 1900 que je vais chercher la trace de cette maison de retraite.

10M284 - 1881 - Recensement de population, listes nominatives, Moret-sur-Loing
http://archives-en-ligne.seine-et-marne ... 0/900/1440
vue 17

BARLET Thérèse, 59 ans, sœur supérieure
ROMANIOLY Delphine, 63 ans, sœur de l’hospice
FOURNIRA Marie, 44 ans, sœur de l’hospice

10M316 - 1886 - Recensement de population, Moret-sur-Loing
http://archives-en-ligne.seine-et-marne ... 3/900/1440
vue 23

BARLET Thérèse, 62 ans, sœur supérieure
ROMANIOLY Delphine, 66 ans, religieuse
GRANGE Marie Angéline, 30 ans, religieuse
+ 1 pensionnaire
CORNICHON Ve CAILLOT Eulalie, 79 ans, pensionnaire

En 1886, Marie GRANGE/Sœur Marie Joseph est arrivée à MORET.
En 1891, Sœur Marie Joseph est recensée comme supérieure ;

En 1896, 5 ans plus tard, il y a 7 hospitalisées/pensionnaires, et l’effectif est passé de 3 à 5 personnes, venant toutes de SAVOIE.
Mais en 1901, il n’y a plus d’hospitalisées, et seulement 3 sœurs.
il n’y a pas encore de mention d’une maison de retraite.

Ce creux de 1901 correspond peut-être aux années de construction ou d’aménagement de la maison de retraite, celle de la carte postale de Lucien Ménard, car en 1906, on recense 29 pensionnaires à cette adresse de la rue du Midi, femmes âgées ou veuves.

Ce chiffre se maintient : il est noté 24 pensionnaires en 1911.
Il n’y aura pas de recensement en 1916 ; mais la maison de retraite a dû continuer à héberger ses pensionnaires, qui seront de nouveau 21 en 1921.

10M409 - 1906 recensement
http://archives-en-ligne.seine-et-marne ... 6/900/1440
vues 35-36

BONDAZ Marie-Louise, 1869, THÔNES, garde-malade
PICHON Caroline, 1863, DRUMETTAZ, infirmière
DELAVY (Mélanie) Élisa, 1874, PONTCHY, employée
CRÉPY Élie, 1868, CHÂTEL, cuisinière
TAVERNIER Josephte, 1882, SAINT-JEAN-D’AULPS, garde-malade
GRANGE Marie Angéline, 1857, MÉGÈVE, infirmière
ROGAT Philomène, 1866, ??, infirmière
MARIGAY Marguerite, 1880, BONNEVILLE, infirmière
+ 29 pensionnaires


Apparition de l'abbé Joseph Ambroise GRANGE

Dans le recensement de 1911 apparaît le nom de GRANGE Joseph Ambroise, prêtre.
Hé oui, il s’agit bien du frère de Marie GRANGE, qui rejoint donc MORET pour travailler avec sa sœur dans cette nouvelle maison de retraite.

10M439 - 1911 recensement
http://archives-en-ligne.seine-et-marne ... 7/900/1440
vues 30-31

- 1 rue du Midi :
GRANGE Joseph Ambroise, 1864, MÉGÈVE, prêtre
LAPIERRE Joseph Augustin, 1872, SAINT-ALBAN-LEYSSE, cuisinier
PICHON Caroline, 1863, DRUMETTAZ, infirmière
WALTHER Joséphine, 1877, PUBLIER, infirmière
BÉCHET Amélie, 1877, FÉTERNES, infirmière
COLLET Louise, 1883, THOIRY, lingère
TAVERNIER Josephte, 1882, SAINT-JEAN-D’AULPS, domestique
DELAVY (Mélanie) Élisa, 1874, PONTCHY, employée
MASSON Alice, 1891, LESCHERAINES, domestique
- 3 rue du Midi :
GRANGE Marie Angéline, 1857, MÉGÈVE, supérieure de l’hospice
PAVILLET Sophie, 1883, PLANCHERINE, infirmière
MARIGAY Marguerite, 1880, BONNEVILLE, infirmière
+ 24 pensionnaires

Sa page https://gw.geneanet.org/dgrange8?lang=f ... e&n=grange indique
"Joseph Ambroise GRANGE
Né le 18/05/1864 à MEGÈVE, mort en 1933
Chartreux
Sous diacre en 1888 ; prêtre le 15 juin 1889 ; prêtre vicaire de la paroisse du Reposoir en 1890, puis à la Grande Chartreuse (Isère) en 1896."
et une photo est présentée :
> image : pièce jointe 2

En réalité, Joseph Ambroise GRANGE décède à PARIS le 14/02/1935, au 66 rue des Plantes, PARIS 14e
AD 75 1935, Décès, 14 14D 397 https://bit.ly/36xmDIe vue 29
Il est enterré à THIAIS le 16 février 1935.


À suivre avec le relevé des noms savoyards/suisses des personnes ayant travaillé à la maison de retraite après 1918.
On regardera aussi de plus près la fratrie des 12 enfants GRANGE - car en plus de Joseph Ambroise et Angéline Marie, 4 autres d'entre eux ont rejoint les ordres.

Re: Marie GRANGE et l’Hôpital auxiliaire n°26 de MORET-SUR-L

Posté : 21 mars 2022, 12:48
par Marmot91
Bonjour,
Merci pour cette enquête toujours aussi détaillée et sourcée !

De mon coté, pas d'info sur le passionné de généalogie sur Moret sur Loing...j'espère le retrouver malgré tout !
(mon collègue Michel, toujours en activité au CE Généalogie de ma dernière "boite" était en congé pendant 2 semaines, lui pourrait me dire... je le laisse montrer ses photos de vacances, pendant encore quelques jours,
puis je l'appellerai => mes mails de demande d'aide doivent s'empiler sur les milliers qu'il a du recevoir !).

Je ne sais pas si c'est lié (Frédérique, ... à valider donc ! ;) ), mais trouvé sur le site DELCAMPE.NET
ces photos, concernant "La maison de retraite des religieuses de Moret" (autres vues de la carte postale donnée par Frédérique plus haut ?)

https://www.delcampe.net/static/img_lar ... 91_001.jpg
Delcampe maison de retraite des religieuses_691_001.jpg
https://www.delcampe.net/static/img_lar ... 36_001.jpg
Delcampe maison de retraite des religieuses_336_001.jpg
https://www.delcampe.net/static/img_lar ... 11_001.jpg
Delcampe maison de retraite des religieuses_111_001.jpg

Re: Marie GRANGE et l’Hôpital auxiliaire n°26 de MORET-SUR-L

Posté : 21 mars 2022, 13:04
par Marmot91
Et dernière minute (toujours sous contrôle de Frédérique !)
Les religieuses de Moret sur Loing avait une activité de fabrication et de vente de sucre d'orge :

https://www.delcampe.net/static/img_lar ... 54_001.jpg
'orge des religieuses_354_001.jpg
https://www.delcampe.net/static/img_lar ... 41_001.jpg
'orge des religieuses_441_001.jpg
Et il y en a d'autres sur Delcampe, montrant grosso modo les mêmes cadres sous des angles ou fabricant de cartes postales différents...
(chercher Moret-sur-Loing religieuses)
https://www.delcampe.net/static/img_lar ... 58_001.jpg
'orge des religieuses_458_001.jpg
Dont une vue "récente" :
https://www.delcampe.net/static/img_lar ... 42_001.jpg
'orge des religieuses_242_001.jpg
Etc...

J'ajoute que Moret-sur-Loing(77) est à 64 km de Brunoy(91), soit environ moins d'une heure de route jusqu'à la Mairie, institution religieuse, historien local, si des choses étaient à récupérer... ;)

Re: Marie GRANGE et l’Hôpital auxiliaire n°26 de MORET-SUR-L

Posté : 21 mars 2022, 16:07
par gavillet_f
Merci Daniel pour cette série d'images… mais ceci est une belle légende touristique et commerciale créée à MORET entre 1910 et 1924…

Aucune de ces façades n'est d'origine ni n'existait avant 1924, et je crois bien que le fameux sucre d'orge n'y était pas vendu en 1900.

La boutique dite "des religieuses" ou "maison du Bon-Saint-Jacques", place Royale, était entre 1880 et 1910 la boutique et l'habitation d'un marchand de vin et de sa famille.
La façade n'était pas ainsi, les fenêtres dans le toit n'existaient pas, ni les portes, ni l'enseigne ni le macaron des religieuses sur le mur situé rue de Grez (j'ai retrouvé un cliché d'époque, que les recensements permettent de dater, car le nom du marchand de vin est inscrit au dessus de la porte).

Ces éléments ont été ajoutés par l'architecte Paul-Louis Clément et le menuisier d’art Pierre Raccolet
http://moretloingetorvanne.fr/moret/dec ... storiques/

"La maison du Bon-Saint-Jacques, datant du 15e siècle, a été agrandie entre 1921 et 1924 pour les religieuses de Moret. Les maisons néo-gothiques, donnant sur la rue du Grez, présentent un décor en bois sculpté par Pierre Raccolet"
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/ ... PA00087143

Il faut se rappeler qu'autour et après 1905 nous sommes en pleine tourmente législative pour les établissements comme les hospices et orphelinats, les biens et bâtiments devenant propriété de l'État. L' hospice de Moret est nommé "hospice civil" dans les actes d'état-civil, et les témoins des décès sont des administrateurs civils de l'hospice.

Le fameux sucre d'orge passe lui aussi sous contrôle de la ville
Georges Lesage (1856-1937), orfèvre et ciseleur d'art à Paris, membre fondateur des Amis de Moret, gérant des sucres d'orges des religieuses de Moret après la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905, créateur en 1887 de la boîte des sucres d'orge ornée d'une vue de Moret avec son église, sa tour, ses vieilles portes, le tout surmonté des armes de la ville avec la couronne comtale.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Moret-sur-Loing

Je montrerai les clichés retrouvés de la place et de cette maison "du sucre d'orge" telles que les voyaient Sœur Marie Joseph et les pensionnaires de la maison de retraite et de l'hôpital auxiliaire n° 26.

Je prévois un article complémentaire sur ces bâtiments et le rôle de l'orge nord-américain dans l'histoire de l'HA n° 26, mais il sera publié dans la rubrique "Hors sujet" du fourm, car il n'a aucun lien avec la Savoie ou le sujet Entraide > Familles.

Re: Marie GRANGE et l’Hôpital auxiliaire n°26 de MORET-SUR-L

Posté : 25 mars 2022, 01:10
par gavillet_f
La religion dans la fratrie d'Angéline Marie GRANGE

Leur tante, sœur de leur père Nicolas GRANGE, est aussi une religieuse :
"Marie Célestine GRANGE
04/04/1825, MEGÈVE - 05/07/1856 BOURG-EN-BRESSE, AIN
Religieuse"

D’après les arbres GRANGE que l’on trouve en ligne, d’autres frères et sœurs d’Angéline Marie GRANGE sont entrés en religion ; voici les informations publiées (je n’ai pas vérifié les dates et lieux cités) :

Ernest Louis GRANGE 1848-1924
Alfred Joseph GRANGE 1849-1926
Hortense Marie GRANGE 1852-1922
** Eugénie marie Joséphine GRANGE 1854-1881
Joseph Célestin GRANGE 1855-1855
** Angéline Marie GRANGE 1856-1934
Louis François GRANGE 1857-1930
** Césarine Marie GRANGE 1859-1921
Marie Emélie GRANGE 1860-1862
** Joseph Ambroise GRANGE 1864-1933
-- Humbert Ulysse GRANGE 1866-1926
** Léon Grange 1867-1929


**
"Eugénie Marie Joséphine GRANGE
27/02/1854, MEGÈVE – 09/02/1881, CHAMBÉRY (26 ans)
Religieuse
Sœur Marie Eléonore. Supérieure à l'asile BASSENS ; aussi appelée Léa"

Sur l'asile de BASSENS :
« Bassens avait été ouvert sous les auspices d’idées généreuses qui vont se heurter à des dures réalités. Tout d’abord, l’augmentation rapide du nombre de malades : 280 en 1861, 596 en 1882 pour atteindre et dépasser par la suite 1 000 lits, alors que la capacité de départ était de 400. Cela crée une situation qui devient rapidement désastreuse, d’autant plus que le nombre des soignants est tout à fait insuffisant, voire dérisoire. »
https://www.cairn.info/revue-l-informat ... ge-759.htm" onclick="window.open(this.href);return false;

Sœur Marie Eléonore décède en 1881 ; il y a donc près de 600 malades dans l'hôpital au moment où elle en a la charge.


**
"Césarine Marie GRANGE
25/03/1859, MEGÈVE – 17/06/1921, ANNECY (62 ans)
Entrée en religion le 12 décembre 1879.
Sœur Marie Françoise Sœur de la Charité. Supérieure à l'asile de vieillards d'ANNECY."
> image : pièce jointe 1


**
"Célestine Marie Joséphine GRANGE
09/09/1850, MEGÈVE – 04/10/1925 NOVA FRIBURGO, BRÉSIL (75 ans)

Mariée le 06/07/1874 à MEGÈVE avec Antoine Alphonse PELLISSIER, huissier
né le 12/07/1848 à FLUMET, SAVOIE – décédé le 28/04/1890 à ALBERTVILLE
Devient Sœur Marie Léon, trappiste au BRÉSIL"
> image : pièce jointe 2

Je m’interroge sur le lieu de décès de Sœur Marie Léon à NOVA FRIBURGO, qui est une des colonies suisses fondées au BRÉSIL, car l’abbaye de Maristella des moines trappistes dont dépendaient les trappistines s’était installée en 1908 à TRÉMEMBÉ, près de TAUBATÉ, dans l’État de SAO PAULO, et non à NOVA FRIBURGO (après le vote de 1903 ordonnant l’expulsion hors de France des congrégations religieuses catholiques).

Sœur Marie Léon avait-elle quitté son abbaye trappiste de TRÉMEMBÉ pour rejoindre une autre congrégation à NOVA FRIBURGO, pour travailler au Sanatorium naval ou à l'Orphelinat ?

(Je reviendrai sur l'histoire de ce monastère déplacé en 1908 de MÂCON au BRÉSIL dans un autre sujet).


**
"Léon GRANGE
19/09/1867, MEGÈVE – 13/12/1929, MENTHON SAINT-BERNARD
Sous diacre le 15/06/1889 - Diacre le 21/12/1889
Prêtre le 6/07/1890 - Professeur au petit séminaire de Mélan à TANINGES en octobre 1890
vicaire à ALLINGES en 1896 - Curé à Gruffy puis MENTHON SAINT-BERNARD ; sépulture à MENTHON"
> image : pièce jointe 3


**
Humbert Ulysse GRANGE, lui, n’entre pas en religion, mais sa veuve ira habiter à MORET-SUR-LOING où elle décèdera.

"Humbert Ulysse GRANGE
28/02/1866, MEGÈVE - 04/09/1926, LE FAYET
il se marie le 29/04/1893, HÉRY-SUR-UGINE
avec Jeanne Louise CUSIN BERCHE, née le 24/05/1874 à PARIS
Jeanne Louise CUSIN BERCHE décéde le 15/05/1965 à MORET-SUR-LOING (90 ans)
fille d’ Alfred CUSIN BERCHE, né en 1831 à HÉRY-SUR-UGINE, mort en 1908 à HÉRY-SUR-UGINE ; employé de maison à PARIS
et Virginie PORRET, née en 1830 à LA GIETTAZ, décédée en 1915 à HÉRY-SUR-UGINE ; employée de maison à PARIS"


Les écoles ménagères des filles de la Charité

La charité est une affaire de famille chez les GRANGE, et il est probable que la création de la maison de retraite de MORET-SUR-LOING ait été un projet porté avec l'aide de ses frères et sœurs. Ce réseau familial a certainement été utilisé ensuite pour alimenter le recrutement du personnel de la congrégation de MORET, qui ne sont peut-être pas toutes des religieuses.

Les jeunes femmes qui viennent y travailler sont-elle passées par l'école ménagère de l'orphelinat de BONNEVILLE ?
L’orphelinat de Bonneville a œuvré de 1871 à 1980, recueillant les jeunes filles orphelines de guerre jusqu’à leurs 21 ans. Histoire d’une institution qui changé plusieurs fois de site sur Bonneville.

« C’était très strict, forcément, avec une éducation religieuse, mais quand elles sortaient à 21 ans elles savaient coudre, repasser, faire la cuisine... Elles pouvaient aller en maison bourgeoise. Et il y en avait beaucoup à l’époque. Elles étaient donc assez recherchées ».

Ce sont les sœurs de la Charité de La Roche qui ont assuré la gestion de l’orphelinat depuis sa création, sous statut association loi 1901."
https://www.lasavoie.fr/art/faucigny/lo ... 935n180712

ou par l'école ménagère des sœurs à THONON, pour celles arrivées à MORET après la guerre ?
"En août 1906, les Sœurs de la Charité ont été contraintes, par les lois combistes, de fermer et de quitter leurs pensionnats de la rue des Granges et de la Roche-sur-Foron. Elles émigrèrent à Saint Maurice-En-Valais, où elles créent le pensionnat de "La Tuilerie".

le Député Paul JACQUIER mettait en ce temps-là, sa propriété de Crête en vente. Grâce à l'intervention d'un tiers M. NICODEX de Taninges, par l'entremise de Mlle Germaine TAVERNIER, le contrat de vente fut établi et signé par Mère Anne LAPIERRE Supérieure Générale.

Le Chalet et la villa DUCHENE (aujourd'hui appelée "Les Marronniers"), une petite maison (devenue l'Aumônerie), une modeste bâtisse d'un seul étage démolie lors de la construction de l'aile Nord, un vaste terrain à bâtir devenait la propriété légale de la Communauté.

En octobre 1918, arrivaient à Thonon, les 6 premières pensionnaires et 85 externes. Elles furent reçues provisoirement à l'orphelinat de nos Sœurs (alors situé rue Chantecoq, actuel presbytère) en attendant la prise de possession de la Villa. Ce fut à la mi-décembre que les 4 religieuses (en civil) et les 6 internes s'installèrent au Chalet"
https://www.scthonon.fr/pr%C3%A9sentati ... ass%C3%A9/
> image : pièce jointe 4
> image : pièce jointe 5



Qui travaille à la maison de retraite de MORET après 1918 ?

10M469 - 1921 recensement
http://archives-en-ligne.seine-et-marne ... 8/900/1440
vues 31-32 - Rue du Midi
chef : GRANGE Joseph

GRANGE Joseph Ambroise, 1864, MÉGÈVE, chapelain
PICHON Caroline, 1863, CLARAFOND, cuisinière
GELLOZ Marie, 1872, SAINT-OFFENGE-DESSOUS, garde-malade
DELAVY Joséphine, 1896, ANNECY, garde-malade
MIRIGAY Marguerite, 1880, BONNEVILLE, cuisinière
MASSON Joséphine, 1891, LESCHERAINES, employée
VEZ Célina, 1884, SEIRY, FRIBOURG, SUISSE, infirmière
FOURNIER Victoire, 1886, LE GRAND BORNAND, garde-malade
CLARET Joanna, 1875, LES MARCHES, garde-malade
GRANGE Marie Angéline, 1857, MÉGÈVE, française, préposée à l’hospice
PAVILLET Sophie, 1883, PLANCHERINE, garde-malade
DELAVY Élisa, 1874, PONTCHY, pensionnaire
+ 21 pensionnaires


10M508 - 1926 recensement
http://archives-en-ligne.seine-et-marne ... 5/900/1440
vue 32 - Rue du Midi
chef : GRANGE

PICHON Caroline, 1863, DRUMETTAZ
FOURNIER Victoire, 1886, LE GRAND BORNAND
BASTARD Aurélie, 1903, LES GETS
MASSON Alice, 1891, LESCHERAINES
DUPORT Phylomène, 1875, ??
FOURNIER Aline, 1904, SAINT-JEAN-D’AULPS
DELAVY Élisa, 1874, PONTCHY
VEZ Joséphine, 1884, SEIRY, FRIBOURG, SUISSE
RENEVIER Justine, 1906, LE BIOT
GRANGE Joseph Ambroise, 1864, MÉGÈVE

GRANGE Marie Angéline, 1857, MÉGÈVE, chef de l’hospice, Ville de Moret
PAVILLET Sophie, 1883, PLANCHERINE, sœur de l’hospice
GELLOZ Marie, 1872, SAINT-OFFENGE-DESSOUS, sœur de l’hospice


10M539 - 1931 recensement
http://archives-en-ligne.seine-et-marne ... 3/900/1440
vues 21-22 - Place Royale

GRANGE Joseph Ambroise, 1864, MÉGÈVE, chapelain
TORNAY Anne-Marie, 1912, ORSIÈRES, VALAIS, SUISSE, lingère
LAVOREL Marie, 1900, FERRIÈRES, ménagère
BELLUARD Germaine, 1899, ??, infirmière
BASTARD Aurélie, 1903, LES GETS, ménagère
FOURNIER Victoire, 1886, LE GRAND BORNAND, cuisinière
VEZ Célina, 1884, SEIRY, FRIBOURG, SUISSE, infirmière
MASSON Alice, 1891, LESCHERAINES, infirmière
PAVILLET Sophie, 1883, PLANCHERINE, ménagère
DELAVY Élisa, 1874, PONTCHY, comptable
PICHON Caroline, 1863, DRUMETTAZ CLARAFOND, lingère
FOURNIER Aline, 1904, SAINT-JEAN-D’AULPS, infirmière
RENEVIER Justine, 1906, LE BIOT, ménagère

Je n’ai pas continué le relevé après la mort d'Angéline Marie GRANGE et de Joseph Ambroise GRANGE ; voici les liens des 2 recensements suivants :

10M571 - 1936 recensement
http://archives-en-ligne.seine-et-marne ... 7/900/1440
vue 21

10M600 - 1946 recensement
http://archives-en-ligne.seine-et-marne ... 4/900/1440
vue 13


__________
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur l'histoire de NOVA FRIBURGO :
https://www.eda.admin.ch/eda/fr/dfae/re ... resil.html
https://www.emigration-valais.ch/de/emi ... ml#!search
https://www.houseofswitzerland.org/fr/s ... -du-bresil
https://www.novafribourg.ch/fr

Un blog en portugais fourmillant de textes et de photos anciennes sur l'histoire de la ville :
http://historiadefriburgo.blogspot.com
(on peut par exemple utiliser https://www.deepl.com/fr/translator" onclick="window.open(this.href);return false; pour traduire)

d'autres colonies suisses au BRÉSIL :
https://www.suicosdobrasil.org.br/na-bagagem

La page du site "Généalogique et Héraldique du Canton de FRIBOURG" donne quelques informations sur ces premiers colons :
http://www.diesbach.com/sghcf/brasil.html
En bas de cette page se trouve l'adresse mail de Henrique Bon, vivant à NOVA FRIBURGO.
Cette page cite 2 familles savoyardes, mais sans aucun détail : DESSOIES (de Savoie) - PELLET (de Savoie).
__________


>> à suivre avec la fin de l'histoire de l'hôpital auxiliaire n° 26, qui est tout de même le point de départ de cette histoire…
.