PARUTIONS SUR NOS VILLES ET VILLAGES

[Bernard-Thonon]

Comment les amoureux de l'histoire et de la montagne ne seraient-ils pas comblés à la lecture de ce livre d'Hippolyte Tavernier, extrait des Mémoires et Documents de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie (tome XXIX), qui est consacré à Mieussy et ses environs ?

Les habitants, ou les visiteurs, de la localité elle-même et des villages environnants, dont l'auteur fait revivre le passé du XIIIe au XIXe siècle, retrouveront, en effet, les personnages marquants de grandes maisons de Savoie qui possédèrent la seigneurie, de Louis de la Tour (1222) à Louis de Planchamp (mort en 1824 à Bonneville), puis « le domaine plantureux » de Berbey, nom d'une très ancienne famille de Mieussy (vie au manoir, mobilier et description de l'édifice...), Lapraz, « l'antique ferme du château », Messy, « borné au nord par un coteau peuplé de hameaux et de cultures », qui posséda un château (maison de Bellegarde), et tant de sites remarquables...

Ainsi « une lande paludéenne étoilée de nénuphars blancs » avant d'arriver à Léyer, puis, après l'écart d'Arly, au-delà du Jourdil, un hémicycle de rochers « où pleure une cascade et où chante un écho » et, après avoir quitté « ce bout du monde » et gravi un escalier de 339 marches, taillé dans le roc vif, un magnifique point de vue sur le Môle et un arrêt à Somens (donation, jadis, de l'alpe à la Chartreuse de Vallon et polémique avec les gens de Mieussy...). Retour en suivant le cours de l'Eau-Froide, en passant par le plateau d'Aage (jolie vue du val de Risse) et halte éventuelle à Boiriond qui « s'échelonne contre un bouquet d'épicéas ».

Il y a bien d'autres lieux d'excursions (village de Dessy, antiquités celtiques, plateaux et monts...) que l'auteur cite, enrichis de notices et des Documents, en fin d'ouvrage, qui complètent le propos.

© Micberth

[Bernard-Thonon]

Nul ne saurait s'étonner, autochtone ou amoureux des lieux en visite, qu'un historien comme l'abbé Mouthon se soit intéressé à cette Vallée Verte, si prisée aujourd'hui par les touristes, au point de lui consacrer deux ouvrages, et tout d'abord celui-ci, le plus ambitieux et le plus important, puisqu'il retrace l'histoire du Villard et de la vallée de Boëge depuis le temps des origines (préhistoire, occupation romaine...) jusqu'à la Révolution. Au fil d'une trentaine de chapitres, enrichis par des Pièces justificatives et quelques illustrations à l'appui, l'auteur brasse, en effet, une quantité impressionnante d'informations en tous domaines, d'anecdotes et de vues superbes sur « la partie supérieure du territoire du Villard », comme la montagne du Freyney et des Plaines-Joux et celle de La Glappaz ou du Lavoûsset. Bien des données, souvent méconnues, retiendront l'attention des lecteurs de ce début de XXIe siècle : les religieux acœmètes ou l'antique église de Burdignin, le vol commis au Villard par un dénommé Durand à qui on coupa une oreille (1272) ou l'irruption des communiers d'Habère-Lullin dans la montagne de La Glappaz...
Les grandes étapes de l'histoire, avec leurs incidences sur la vie du Villard et les autres localités du futur canton de Boëge (Burdignin, Habère-Lullin, Habères, Saint-André...), sont naturellement aussi évoquées : l'évangélisation de la vallée (le culte de saint Georges) et les seigneurs de Faucigny, les dissensions à l'époque médiévale entre les habitants de Boëge et leur seigneur, ainsi que la reconnaissance des communiers du Villard en 1465, la Réforme et l'invasion du Chablais. Sans oublier la question difficile de la revendication d'une partie de la montagne de La Glappaz par les communiers d'Habère-Lullin et celle des cantonnements fréquents des troupes (françaises, espagnoles...), la création des écoles de Boëge et du Villard et l'abolition des droits seigneuriaux dès 1771... Tous ces éléments, entre autres, ont contribué à la formation civile et religieuse de cette région au passé turbulent.
© Micberth

[Bernard-Thonon]

Aurait-on jamais cru la haute-savoie si riche en mystères de toutes sortes, en personnages fantastiques, en fées, en sorcières et même en possédés ? le diable a marqué de nombreux lieux de son empreinte et le " servan ", cet esprit domestique du genre petit lutin, a laissé son ombre dans la mémoire de plus d'une famille. Gargantua et la vouivre sont également passés par là.
quelle est la véritable histoire des possédés de morzine, aujourd'hui coin de paradis pour skieurs et qui défraya la chronique au milieu du xixe siècle ? que s'est-il passé en 1996 et 2003 lorsqu'une boule rouge déchira l'obscurité du massif du parmelan ? oui, décidément la haute-savoie a connu beaucoup de personnages étranges, voire inquiétants, d'événements insolites. Sans compter les crimes inexpliqués.
et si on dépoussiérait toutes ces histoires ?.

[Bernard-Thonon]

Ancien professeur au collège d'Évian et historien réputé, l'abbé Adrien Gavard a passé de longues années à écumer littéralement les archives (royales, départementales, genevoises, épiscopales, presbytérales, capitulaires, paroissiales, notariales...), avant de rédiger cet ouvrage consacré à Peillonnex qu'il a conçu comme un triptyque : le prieuré, la paroisse et la commune, le tout complété par une quantité impressionnante de documents (31 actes officiels) et un développement passionnant sur la flore du territoire.

Il nous apprend ainsi, après avoir dressé le panorama des lieux (« un site au bel horizon pas encore dépouillé de son charme et de sa poésie rustique ») qu'une maison religieuse y fut fondée très tôt par Gérold, évêque de Genève, une création officialisée par la charte du comte Robert (1012 : dotation et octroi de terres), et que « les chanoines de Peillonnex furent, de très bonne heure, les organisateurs du travail dans la région ». L'auteur retrace ensuite la longue histoire du prieuré, riche en événements de toute sorte (1340, différends entre le prieur et les communiers de Passy, juridiction d'Abondance et droit de patronage du duc de Savoie, invasion des Bernois en 1589 et « triste état » de l'édifice au XVIIe siècle, exode des religieux le 15 avril 1793...), avant d'effectuer le même travail pour la paroisse : description minutieuse de l'église, culte de Notre-Dame de Peillonnex, courage du chanoine Rannaud pendant la Révolution et en 1801 substitution du diocèse de Chambéry au diocèse de Genève...

Enfin, la commune est, elle aussi, évoquée : depuis la formation du village autour du prieuré (premières libertés municipales) jusqu'à l'état des lieux au tout début du XXe siècle, topographie et cours d'eau, belles routes tracées en 1860 et productions agricoles, instruction publique au fil du temps : avant la Révolution, « les chanoines s'adonnèrent à l'éducation de la jeunesse »...
© Micberth

[Bernard-Thonon]

Difficile de trouver une monographie plus complète que celle du chanoine Jean-Marie Chevallier, consacrée à Reignier et publiée originellement dans les Mémoires et Documents de l'Académie Salésienne, qui apparaît, aujourd'hui encore, comme l'ouvrage de référence sur le sujet.

Rien, ici, en effet, n'a été oublié. L'histoire de la paroisse s'ouvre sur l'évangélisation de Genève, qui se trouve à quelques lieues seulement, et elle se poursuit par celle de Reignier, la vieille église ayant été bâtie au milieu du cimetière et détruite en 1860, après la construction de l'édifice actuel (1846). L'auteur retrace, tout au long de son récit, les grands moments de la vie de la paroisse et l'action au quotidien des différents curés : les visites pastorales qui permettent d'améliorer le sacerdoce et d'indiquer le mauvais état de certaines parties de l'église (le clocher en ruine, le calice à refaire et la pierre des fonts baptismaux), ainsi que les diverses chapelles, les œuvres pieuses et les confréries, les mœurs et les coutumes des paroissiens, les usages locaux et l'instruction primaire.

Les événements importants trouvent naturellement leur place dans l'évocation chronologique de cette communauté religieuse : le calvinisme conquérant, l'apostasie de Genève et les violences qui s'ensuivirent, l'invasion de la Savoie et l'âpreté, pour les croyants, de la période révolutionnaire... autant de faits essentiels qui pèseront aussi sur le destin de la commune dont l'histoire est relatée ensuite par le chanoine Chevallier depuis les origines (Regniacum, sans doute le domaine de Rennius) jusqu'au recensement des châteaux forts, maisons seigneuriales et bourgeoises (Arculinge, Bellecombe, Bersaz...), en passant par la topographie et les vestiges anciens, les premiers sires de Faucigny et l'agriculture sous le régime de la féodalité, les franchises en Savoie et les hostilités genevoises...

[Bernard-Thonon]

F. Pochat-Baron s'attache ici à nous raconter avec précision l'histoire de la ville de Thônes. Il évoque l'antiquité à travers les guerres qui opposèrent les lieutenants d'Auguste et les anciens habitants de la vallée, les Avicatones. Nous croisons les différents seigneurs : Albert de Clets, dont le château était le siège d'une seigneurie qui s'étendait sur Thônes au XIIe siècle ; le damoiseau Jean du Vivier, qui cita à comparaître devant le juge les bouchers qui refusaient de lui livrer les langues de vaches qu'ils avaient abattues.
L'auteur fait revivre les sites du passé : le prieuré de Notre-Dame d'Entremont, fondé par Amédé Ier en 1154. Il relate également le passé économique de la ville : l'établissement d'un marché hebdomadaire par le comte Genevois Guillaume, en 1312, la fondation de la charte des franchises en 1350, qui voit la naissance d'une police du commerce : il est permis de vendre autant de vin que l'on pourra, en haranguant la foule si nécessaire. Les moulins à blé, à soie, la tannerie, la fabrique du marquis de Favre sont en pleine activité en 1500.
Les événements douloureux qui marquèrent chaque époque sont exposés : l'incendie qui dévora bon nombre de maisons en 1453, la peste qui ravagea la ville en 1543, les inondations de 1570 qui entraînèrent de grosses réparations du pavé et du pont des Noms. En 1417, l'incorporation de Thônes au duché de Savoie marque l'apogée économique de la ville.
Fruit de nombreuses recherches, le présent ouvrage constitue un précieux document de référence qui ne peut que passionner tous les amateurs d'histoire locale.

[Bernard-Thonon]

Il n'« est pas vraisemblable qu'on arrive jamais à savoir- avant d'être dans l'autre monde - à quelle date et par qui et comment fut fondée la première paroisse de la vallée de Thônes », écrit le chanoine F. Pochat-Baron au début du deuxième volume de ses recherches historiques consacrées à la ville de Thônes.
Autant dire que l'origine de la paroisse remonte à la nuit des temps. Et pourtant, c'est avec une précision et une maîtrise redoutables que l'auteur relate l'histoire ecclésiastique de Thônes : depuis l'institution toute particulière des plébains, on découvre tous les hommes, les faits, et les documents qui mettent en évidence la très puissante paroisse depuis le Moyen âge jusqu'au début du XXe siècle.
On revit la terrible période révolutionnaire, puis l'annexion au régime austro-sarde en 1815. Enfin, le 14 juin 1860 « nous sommes Français ! définitivement Français ! non par le fait d'une conquête ni par une révolution, mais ensuite d'une cession solennelle consentie par le souverain légitime et ratifiée avec enthousiasme par toute la population. »
L'auteur évoque également l'installation des routes, du télégraphe, des aqueducs-égouts, de l'éclairage électrique, qui ont participé au développement économique de la ville au XIXe siècle.
Un ouvrage qui fourmille de renseignements qui enchanteront tant les généalogistes, les historiens, que les amateurs d'histoire locale, tous amoureux du passé.

[Bernard-Thonon]

Même si les bergers avaient remarqué qu'à un certain endroit la neige fondait plus rapidement qu'à d'autres, il fallut attendre le XIXe siècle pour que les sources de St-Gervais soient découvertes; en 1806, un ouvrier des mines de Servoz, Pierre Kiegner, aperçut en pêchant des vapeurs épaisses. Après avoir pratiqué une légère excavation, il vit l'eau chaude suinter. Me Gontard, propriétaire du lieu et notaire royal, pratiqua alors des fouilles et découvrit les sources. En 1815, les deux principaux édifices thermaux accueillaient 80 baigneurs. La renommée de St-Gervais était faite.
Mais St-Gervais était bien avant cette époque la résidence de prédilection de Béatrix, dame de Faucigny, fille du comte de Savoie.
Dans cet ouvrage publié en 1909, on visite les châteaux de la Villette, celui du Châtelet, on découvre des lieux légendaires, la cheminée des Fées, la Tane à Bidon d'où le célèbre brigand Bidon pillait la contrée au Moyen Age.
L'histoire des lieux se mêle aux légendes, comme celle de cette fée qui remplissait les poches des enfants de feuilles mortes qui se transformaient en pièces d'or.
Autant de détails font de cet ouvrage un document qui passionnera tant les amateurs d'histoire locale que les promeneurs, touristes ou baigneurs.

[Bernard-Thonon]

Les qualités essentielles de l'ouvrage de James Pierre consacré à l'histoire de Sallanches, Saint-Roch et Cordon sont, sans aucun doute, sa richesse documentaire et sa diversité : que l'on cherche des renseignements sur les époques anciennes (l'habitat avant l'occupation romaine ou la fondation de la ville elle-même, citée dès le début du XIe siècle), sur la vie religieuse intense qui règne intra-muros et rayonne dans tout le Faucigny jusqu'à la Révolution sur Saint-Roch (séparation avec Sallanches au milieu du XVIIIe siècle) ou sur les célèbres privilèges et franchises des Sallanchards (code municipal de 63 articles) et lettres patentes de l'année 1310, données « le jeudi après la Pentecôte par Hugues, dauphin de Viennois », on trouve tous les éléments nécessaires dans ce livre qui est le fruit de plusieurs décennies de travail et de recherches effectués par l'auteur dans les archives locales. Président, par ailleurs, de l'association Les Amis du vieux Sallanches et de l'académie du Faucigny, cet amoureux de la Savoie a réuni ici tout ce que l'on peut, et doit, savoir sur cette cité au passé mouvementé, « porte d'entrée sur le pays du Mont-Blanc », qui a failli périr dans les flammes en 1840 et qui, depuis, a magnifiquement retrouvé les chemins du dynamisme économique (industries de transformation, activité commerciale, développement du tourisme, expansion urbaine, fusion avec les communes de Saint-Roch et de Saint-Martin).
Cependant, bien avant cette terrible épreuve de 1840, Sallanches avait dû affronter d'autres catastrophes : un incendie (déjà) en 1520, qui détruisit presque toute la ville, ses trois ponts de bois et son église, suivi de crues gigantesques de l'Arve, de la Sallanche et de la Frasse, d'autres inondations en février de l'année 1618 et le 1er août 1638, de nouveaux incendies en 1669, 1696 et 1768 et une épidémie (peut-être de peste) en 1631 ; sans compter, lourde dépense chronique pour la cité, le logement et l'entretien des troupes de Son Altesse Royale pendant tout le XVIIe siècle, l'occupation espagnole (1742-1749), la Révolution et ses désordres et l'invasion autrichienne de 1813... Tout cela ne saurait occulter « le destin privilégié de la cité », enraciné dans la féodalité, étayé par la puissance religieuse et bénéficiant d'un affranchissement communal particulier. C'est sans doute en puisant dans ce terreau fertile que les Sallanchards surent faire face à tous les fléaux et autres pièges de la destinée, créant des manufactures et une importante activité commerciale, établissant des liens (très tôt) avec la France et les pays germaniques et assumant un rôle de pionniers dans le tourisme alpin, dès la fin du XVIIIe siècle. James Pierre n'en oublie pas pour autant la commune de Cordon qu'il étudie ici avec le même souci du détail dans une monographie complète.

[Bernard-Thonon]

Publié en 1872, cet ouvrage classique propose une description à la fois minutieuse et vivante de la Savoie, peu après son rattachement à la France. ...
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Cheminant à pied, le baron Achille Raverat (1802-1890) ponctue son carnet de voyage de faits historiques, de légendes et d'anecdotes sur les vallées et les villages traversés et les monuments rencontrés. Quant aux Savoyards et Savoyardes, ils ne sont pas oubliés, que ce soit par la description des modes de vie, des costumes traditionnels ou... de l'accueil réservé aux touristes. Très attaché au Second Empire, l'auteur livre des impressions tranchées sur la Savoie et ses habitants, impressions généralement admiratives ou positives, mais quelquefois très critiques.
Cette liberté de ton fait aussi le charme et l'intérêt de l'ouvrage. Les Promenades historiques, pittoresques et artistiques du baron Raverat se composent de deux tomes : Savoie (Maurienne, Tarentaise, Savoie-Propre et Chautagne) ; Haute-Savoie (Genevois, Sémine, Faucigny et Chablais).